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Mohamed Boudiaf, l’un des chefs historiques du FLN créé le Parti de la Révolution Socialiste (P.R.S) en 1962. Ancien dirigeant du « groupe des 22 » et coordinateur du FLN historique, il avait été, avant et pendant la Révolution, de tous les événements déterminants du combat anti-colonial qu’il sut maîtriser et transformer en autant d’opportunités abouties. Lorsqu’il prit, auréolé de ce passé, la décision de quitter le Front dont il détenait la carte n°1 pour mettre sur les rails, le 20 septembre 1962, le PRS (Parti de la révolution socialiste), 2e parti d’opposition à entrer en activité, nul ne s’en étonna.  

Boudiaf contesta la légitimité du bureau politique formé par Ben Bella. Dans un premier tract, il mit l’accent sur la faillite du FLN et constata que celui-ci ne pouvait plus être un mouvement révolutionnaire. Le PRS se présentait alors comme un parti d’avant-garde susceptible de constituer une solution de rechange à un parti conduisant inéluctablement à la dictature.

Accusé de complot contre la sûreté de l’État, Mohamed Boudiaf fut arrêté le 21 juin 1963, puis libéré après, le 16 novembre de la même année, grâce à l’action du FFS. Le PRS prends ses distances à l’égard de ce dernier. Il condamne même la reprise de la lutte armée décidée par le FFS, regroupée au tour de Ait Ahmed.

Le PRS a rejoint en juillet 1964 le CNDR, qui s’est constitué au tour de plusieurs personnalités politiques, Ait Ahmed du FFS, Khider, le colonel Chaabani, Boudiaf du PRS, Hassani Moussa, et Ben Ahmed. Moins de quatre mois après sa constitution, le PRS en devient l’élément central et il se retrouvera, plus tard, seul dans cette alliance. Le sigle PRS disparaitra dans les écrits du parti, des manifestations interne au profit de celui du CNDR. Cette situation durera jusqu’au 1 mai 1967, c’est à dire jusqu’à la mort de Khider. 

Les mouvement de guérillas organisé par le PRS dans le nord Constantinois s’est soldé par un échec. Les rares actions à son actif ne pouvait guère menacer le régime. Isolé, le mouvement s’est éteint par lui même. Boudiaf ne trouva de salut que dans la fuite à l’étranger. Il quitta précipitamment le pays, sans jamais y remettre les pays jusqu’à janvier 1992. Paris en premier lieu de résidence et ensuite le Maroc. La ligne adoptée par le PRS n’a pas changé avec la chute de Ben Bella et le régime de Boumédiène a été qualifié de Benebaliste sans BenBella. 

Après la mort de Boumédiène, Boudiaf s’est adressé à Chadli dans une lettre, c’était un appel à pied au nouveau homme fort du régime. Cette lettre qui n’a suscité aucun intérêt du nouveau chef de l’Etat algérien. Elle a, par contre, accélérer le processus de décomposition et a accentuée les dissensions en interne, commencé déjà en 1975, après les prises de positions de Boudiaf sur le Sahara Occidental. La direction a proposé de dissoudre le parti, mais une partie des militants s’est opposé à la disparition du Parti. Malgré cela le parti a finit par auto-disparaitre au début des années 1980. 

En militant lucide, Mohamed Boudiaf tira les leçons de l’évolution du pays dans son fameux, Où va l’Algérie ? et conclut que la fermeture hermétique du jeu politique par le régime « militaire » ne lui laissait aucune chance d’élargir sa marge de manœuvre. Il décida d’abandonner la politique et de s’occuper de ses affaires privées, au Maroc.

Lorsque la constitution de février 1989 ouvrit la voie au multipartisme, le PRS n’a pas sollicité son agrément. Ce qui amène nombre d’observateurs à soutenir que l’auto dissolution du PRS ne s’est, semble, pas réduite à l’autocritique de Boudiaf quand il a reconnu publiquement s’être trompé sur les capacités de chef d’Etat Boumédiène.

Les différentes interventions de Boudiaf après la dissolution du PRS s’attachaient à vilipender le FLN, épargnons le président Chadli pourtant lui aussi colonel dont il connaissait les méthodes du gouvernement. Ayant refusé le pouvoir en 1962 avec le colonel Boumédiène, il a accepté en 92 avec le général Nezzar, où un certain 16 janvier 1992, l’Histoire le rattrapa. Il crut que le jeu – la survie de l’Algérie en tant que République et Etat – en valait la chandelle. Bien mal lui en prit. L’Algérie d’abord son slogan privilégié, probablement emporté sur ses convictions philosophiques. Ignorant les compromis et les compromissions du sérail politique lorsqu’il était en exil, il aurait dû négocier les garanties nécessaires pour diriger l’Algérie selon sa propre vision. 

Son exécution publique le 29 juin 1992 n’aura pas permis de mener à terme sa démarche : le lancement d’un nouveau parti, dont il confia les rênes à son vieux compagnon du « groupe des 22 », Ahmed Bouchaïb, sous le nom de RPN (Rassemblement populaire national), le substitut qu’il souhaita voir succéder au FLN promis au musée. La réaction d’adhésion de la jeunesse à ce projet fut instantanée, un geste ressenti, peut-être, par le vieux Président comme une revanche sur le destin qui lui rappela qu’en 1962, les intellectuels et « les forces vives de la nation » disputées par le FLN et le PCA manquèrent à son appel. Le peuple algérien avait compris l’enjeu de «la main qu’il lui tendait » spontanément. Il s’en était saisi, immédiatement, mais il était trop tard… Lembarek Boumarafi et ses commanditaires en avaient décidé autrement. Ils signèrent, par leur acte, la deuxième mort du PRS.