Il faut être conscient qu’il serait difficile de faire la synthèse du magma politico-idéologique qui traverse la société algérienne, avec les différents mouvements politiques et familles de pensés qui la compose, qu’ils (où qu’elles) soient légaux ou clandestin(e)s, convergent(e)s ou contradictoires, structuré(e)s dans des groupes ou porté(e)s par des individus.
Aussi proposer une méthodologie de classement dans le cas algérien n’est pas une tâche aisée et peut paraitre même prétentieux, tenant compte du cadre de l’exercice politique en général, décliné sur plusieurs paramètres (voir les détails plus bas).
Malgré ce constat, l’équipe de PRISMA s’est fixée un défit, celui de réaliser une cartographie des principaux mouvements d’idées; les groupes idéologiques; les personnalités publiques; les causes et champs d’actions politiques et les classer dans de grands pôles où de grandes familles de pensées politiques. Cela peut nous permettre de cerner la réalité du débat politique et les enjeux auxquels fait face la société algérienne en général et les acteurs de la scène politique en particulier.
PRISMA s’est forcé aussi de ne pas tomber dans le piège de faire un classement en transposant les modèles qui reprennent généralement les modèles qui viennent des pays occidentaux, assez élaborés qui ont été forgés sur un objet empirique historiquement différent du contexte que nous voulons étudier. Il serait ainsi méthodologiquement inapproprié de reprendre de tels modèles issus d’autres expériences et qui s’appuient sur des réalités politiques différentes, prises telles quelles, pour les appliquer sur l’Algérie, même si pour des soucis de simplification le jargon qui a pignon sur rue, comme gauche, droite, libéral, progressisme …etc est repris avec une adaptation à la réalité algérienne.
Un courant de pensée ne peut pas naître ex nihilo, c’est le fruit d’un processus, une juxtaposition d’un ensemble d’idées et de pensées cumulées dans le temps que partagent un ensemble d’individus. L’histoire est faite d’une succession d’évènements. En fait, les idéologies reposent sur une interprétation spécifique de ces évènements. La doctrine capitaliste, la doctrine islamiste, la doctrine marxiste… reposent sur une configuration interprétative articulée autour d’un dogme social, politique ou économique. C’est pourquoi l’étude des courants de pensées politiques fait référence à l’histoire plus que tout autre objet des sciences humaines.
En effet, la science politique a toujours été tentée de dresser une typologie des courants politiques. La science politique admet que les courants politiques sont l’expression de conflictualité historiquement datée de sociétés différentes. Il faut alors convenir qu’il est impossible d’obtenir une typologie similaire des courants politiques dans les différents pays. Chaque pays a sa propre typologie car les courants politiques sont des produits de l’histoire qui apparaissent dans des conditions sociologiques et politiques propres à chaque expérience.
D’où l’intérêt en premier lieu de replonger dans l’histoire contemporaine de l’Algérie pour trouver les premières clefs d’analyses et de compréhensions pour fixer idées. Pour ce faire PRISMA vous invite à consulter les articles consacré aux principaux mouvements politiques algériens : histoire de l’opposition algérienne, histoire de la gauche algérienne histoire de l’islam politique en Algérie, histoire de la société civile en Algérie, histoire du mouvement des femmes, histoire du mouvement amazigh.
Le travail sur l’histoire est complété généralement par des travaux de sociologie politique, qui fournit des outils méthodologiques assez élaborés qui sont nécessaires pour vérifier les résultats sur le terrain. N’ayant pas les moyens d’un organisme de recherche en science social, PRISMA s’appuie pour faire ce travail sur un ensemble d’études et des travaux de références. La bibliographie est disponible en bas du dossier.
Remonter l’histoire peut donner une première porte de compréhension mais ne résout pas la problématique, car la difficulté principale et n’est pas des moindre, vient de la nature autoritaire du régime politique algérien, et c’est l’élément fondamental qui empêche toute analyse objective et une étude des groupe politiques ou les courants qui composent la société algérienne. En effet, le régime verrouille le jeux politique et empêche la constitution de groupes de pensées autonomes.
La nature autoritaire qui caractérise le régime algérien empêche l’exercice libre de toutes activités de la libre pensée qui nous peut nous permettre d’identifier les principaux groupes qui structurent le paysage politique en d’hors du cadre légal imposé par les autorités. En effet, l’absence d’une démocratie réelle empêche l’observation des rapports de forces qui peut nous permettre d’identifier les principaux courants politiques dominants et majoritaires sur la base d’élections libre.
Il faut noter aussi que la mainmise de l’administration sur le champ politique, ne veut pas dire que les hommes qui détiennent le pouvoir sont hermétiques et étranger aux différents courants de pensées et d’idées qui traversent la société. Les choix politiques qu’ils soient économiques ou sociétaux effectués par les tenants de la gouvernance, ne sont généralement que la synthèse d’un équilibre ou de la prépondérance d’un groupe sur un autre à l’intérieur même des institutions qui compose le régime politique, ou l’armée constitue la colonne vertébrale du jeux politique.
Avec le verrouillage de l’espace politique par le régime et l’absence de démocratie, s’ajoute une autre difficulté qui est d’ordre anthropologique et psychologique. La coté anthropologique est lié aux structures sociales traditionnels, comme les familles élargies, les zaouiyas et les tribus, qui malgré leur disparition en majorité dans la pratique, l’esprit qui anime leur organisation reste toujours présent dans l’inconscient collectif de l’Algérien. Ceci influent dans la constitution des réseaux d’allégeances et aussi à la pacification des rapports pouvoir-société au détriment des organisations modernes incarnés par les partis politiques.
Pour le caractère psycologique, il y a un trait principal qui caractérise la majorité des mouvements politiques en Algérie, c’est le fait qu’il se forment au tour d’un homme, plutôt qu’autour d’une idée ou d’un projet politique. C’est ce que est communément appelé le « zaimisme » en Algérie. La personne, le zaim, compte seul, son charisme, son dynamisme l’emporte sur les convictions intimes, les idées et les idéaux sont reléguées en second rang. C’est ce qui mène à penser que les conflits qui alimentent la scène politique algérienne sont le plus souvent, des conflits d’individus que des conflits de groupes de pensées.
Il faut noter aussi que la mainmise de l’administration sur le champ politique, ne veut pas dire que les hommes qui détiennent le pouvoir sont hermétiques et étranger aux différents courants de pensées et d’idées qui traversent la société. Les choix politiques qu’ils soient économiques ou sociétaux effectués par les tenants de le gouvernance, ne sont généralement que la synthèse d’un équilibre ou de la prépondérance d’un groupe sur un autre à l’intérieur du système politique.
Malgré ces difficultés, plusieurs classifications sont proposés par les différents auteurs. Généralement les commentateurs politiques utilisent des classifications génériques liées principalement à des circonstances historiques, à l’actualité ou tout simplement à un positionnement idéologiques sans pour autant qu’elles soient fondées sur une méthodologie qui peut donner une vision globale.
Opposition modernistes et traditionalistes :
Opposition entre le clandestinité et le FLN :
Opposition éradicateurs réconciliateurs : héritage de la guerre civile des années 90′, qui fait suite à l’arrêt du processus électorale et le coup d’Etat du 11 janvier 1992. Cette dichotomie de la scène politique dans deux camps est le résultat de la scission de la scène politique entre ceux qui ont soutenu les putchistes de janvier et applaudi l’arrêt du processus électoral et ceux qui étaient pour la poursuite de l’expérience pluraliste Cette division est toujours d’actualité, elle a figé la scène politique algérienne dans les années 90, alors que la société a beaucoup évolué.
Opposition entre démocrates et islamistes :
Oppositions entre progressistes et conservateurs
A travers cette contribution, PRISMA ne prétend pas faire un travail de recherche, qu’aurait fait un historien ou un sociologue, qui en soit demande beaucoup de rigueur intellectuelle, des références solides, vérifiées, argumentées et des enquêtes de terrain. Par contre, PRISMA se propose de faire œuvre originale, qui repose sur une méthodologie simple :
1- Identifier les idées, les doctrines et les questions qui traversent le magma politico-idéologique algérien et le débat public autour desquelles se rassemblent des groupes de personnes ou portés par des individus influents dans le débat public. Les idées sont une fraction du réel, tels qu’on veut les concevoir philosophiquement et tels qu’on veut y intervenir politiquement. Cependant, ces idées ne prennent corps qu’à travers des pratiques politiques, avec des groupes concrets qui défendent des intérêts propres, soit pour expliquer le monde et les rapports entre hommes, mais aussi pour modifier ce monde.
A partir de quatre clivages, nous considérerons que les sociétés sont confrontés à quatre questions fondamentales qu’elles doivent résoudre, à savoir :
2- Organiser les principaux sujets et questions identifiées selon une grille de lecture sur deux axes. Le premier vertical, sur les questions de la place de l’Etat et les questions économiques, oppose en haut les libéraux, aux étatistes placés en bas ; et le second horizontal, sur les questions sociétales, qui oppose les progressistes à gauche, aux conservateurs à droite.
3- Dégager des familles politiques les plus cohérentes possible qui se rapprochent idéologiquement, avec un noyau essentiel constitutif de chaque famille, car les circonstances font varier considérablement les idées au sein même d’une seule famille. En tenant compte d’un ensemble de réalités spécifiques à l’Algérie, en évitant de transposer mécaniquement les modèles théoriques issus d’autres expériences avec des traditions politiques différentes. Une famille politique serait ainsi, le résultat de croisement de ces sujets.
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