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Akufi nt Tikta

Introduction

Le système politique est une notion complexe qui englobe l’ensemble des institutions, des lois, des règles et des pratiques qui gouvernent la société et déterminent la façon dont le pouvoir est exercé et réparti entre les différents acteurs.

Le système politique peut être analysé selon différents niveaux d’abstraction, allant de la structure des institutions à l’exercice quotidien du pouvoir. Ainsi, on peut distinguer plusieurs éléments clés qui permettent de comprendre le fonctionnement d’un système politique :

  • Les institutions politiques : les institutions politiques représentent l’ensemble des organes qui participent à l’exercice du pouvoir politique, tels que le gouvernement, le Parlement, la justice, les forces de l’ordre, les partis politiques, les médias, etc. Chacune de ces institutions a des fonctions spécifiques et est régulée par des règles spécifiques pour chaque pays qui déterminent son rôle et son influence sur le système politique.

  • Les règles et les lois : les règles et les lois constituent un cadre juridique qui encadre l’exercice du pouvoir politique et la vie de la société en général. Ces règles peuvent être constitutionnelles (lois fondamentales qui régissent l’organisation de l’État), législatives (lois votées par le Parlement), réglementaires (décrets, arrêtés, etc.) ou encore juridiques (décisions de justice).

  • Les acteurs politiques : les acteurs politiques sont les individus ou les groupes qui participent activement au système politique, que ce soit en tant que décideurs politiques, électeurs, militants, experts, etc. Ces acteurs peuvent influencer le système politique à différents niveaux, en faisant valoir leurs intérêts, leurs opinions ou leurs connaissances.

  • Les rapports de force : les rapports de force désignent l’ensemble des relations de pouvoir qui se nouent entre les différents acteurs politiques. Ces relations peuvent être asymétriques (un acteur dispose d’un pouvoir supérieur à celui des autres) ou symétriques (les acteurs disposent d’un pouvoir équivalent).

  • Le modèle économique : le modèle économique définit la façon dont les ressources sont produites, distribuées et utilisées dans la société. Il peut prendre différentes formes, allant du capitalisme au socialisme en passant par le communisme, le libéralisme ou encore le protectionnisme. Chacun de ces modèles économiques se caractérise par des règles spécifiques de fonctionnement et des modes d’organisation différents.

  • L’ordre social : l’ordre social est un élément fondamental du système politique, car il détermine la façon dont les individus interagissent les uns avec les autres et la façon dont la société est organisée. L’ordre social peut prendre différentes formes, allant de la hiérarchie sociale à la coexistence pacifique en passant par le conflit social.

  • Les valeurs et les idéologies : les valeurs et les idéologies sont des éléments culturels qui sous-tendent le système politique en influençant les choix des acteurs politiques et en déterminant les attentes de la société. Ces valeurs peuvent être partagées ou divergentes selon les groupes sociaux et les contextes historiques.

En somme, la notion de système politique est une notion complexe qui permet de comprendre la façon dont le pouvoir est exercé et réparti dans une société donnée. Elle nécessite une analyse approfondie des institutions, des règles, des acteurs, des rapports de force et des valeurs qui structurent cette société. Pour mieux comprendre la notion et la structure du système politique, on peut la décomposer en trois sous-systèmes interdépendants : le sous-système politique, le sous-système économique et le sous-système social.

Sous-système social

Le sous-système social est une composante essentielle du système politique global d’un pays, regroupant l’ensemble des groupes sociaux et organisations qui exercent une influence sur la société et qui régulent les relations sociales et culturelles dans le pays. Les acteurs tels que les organisations professionnelles, les syndicats, les associations, les groupes de pression et les mouvements sociaux ont une influence significative sur la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques, représentant les intérêts de différents groupes de la société.

Ces acteurs sociaux jouent un rôle crucial dans la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques. Ils peuvent représenter les intérêts de différents groupes de la société, influencer les décisions politiques et surveiller l’État pour s’assurer que les politiques sont mises en place de manière efficace et équitable.

Les valeurs qui traversent ces structures sociales ont un impact significatif sur la façon dont les politiques publiques sont élaborées et mises en œuvre. Ces valeurs peuvent varier selon les sociétés et les cultures. Dans certains pays, la solidarité, le respect de la famille, le respect de l’autorité et de la tradition peuvent être des valeurs centrales. Dans d’autres pays, l’individualisme, la liberté, l’égalité et la justice peuvent être plus importantes.

Ces valeurs ont un effet direct sur les politiques sociales, économiques et culturelles du pays. Par exemple, dans les sociétés où la solidarité et le respect de la famille sont des valeurs centrales, les politiques publiques peuvent être axées sur la protection des familles et des personnes les plus vulnérables. Dans les sociétés où l’individualisme et la liberté sont des valeurs importantes, les politiques peuvent être plus axées sur la protection des droits individuels et des libertés.

Cependant, la société et les valeurs qui la traversent sont en constante évolution, ce qui implique que les acteurs sociaux et les valeurs du sous-système social sont également en mutation. Par conséquent, il est crucial de suivre les transformations sociales dans le sous-système social pour comprendre l’impact de ces changements sur la société et les politiques publiques.

En effet, les transformations sociales peuvent avoir des effets significatifs sur le sous-système social. Par exemple, l’émergence de nouvelles formes d’organisation sociale et de nouveaux mouvements sociaux peut influencer les politiques publiques, tandis que l’évolution des valeurs sociales peut conduire à une redéfinition des priorités politiques. Les changements démographiques et économiques, tels que le vieillissement de la population ou l’émergence de nouvelles industries, peuvent également avoir des effets importants sur le sous-système social.

Par conséquent, suivre les transformations sociales dans le sous-système social est crucial pour comprendre les tendances et les dynamiques de la société dans son ensemble, ainsi que pour élaborer et mettre en œuvre des politiques publiques efficaces et équitables. Les acteurs sociaux doivent donc rester à l’écoute des évolutions sociales et des changements de valeurs pour mieux représenter les intérêts des différents groupes de la société et contribuer à la bonne gouvernance du pays.

Sous-système politique

Le sous-système politique est une composante fondamentale du système politique d’un pays. Il est composé des institutions, des processus et des acteurs qui régulent et contrôlent l’exercice du pouvoir politique dans le pays. Cette composante comprend une variété d’aspects tels que les institutions politiques, les partis politiques, les élections, les médias, les groupes de pression. Le sous-système politique peut être considéré comme une autre façon de définir le régime politique et l’État.

Le régime politique fait référence aux règles et aux institutions qui définissent la manière dont le pouvoir politique est exercé dans un pays donné. Il s’agit de la façon dont le pouvoir est réparti entre les différents acteurs politiques, des procédures pour prendre des décisions politiques, de la façon dont les lois sont appliquées et de la façon dont les citoyens participent au processus politique. Les exemples de régimes politiques incluent la démocratie, l’autocratie, le régime autoritaire, le régime totalitaire, etc.

L’État, quant à lui, est l’ensemble des institutions qui exercent le pouvoir politique dans un pays donné. Il s’agit des institutions telles que l’exécutif, le législatif et le judiciaire, ainsi que des institutions chargées de la défense, de la sécurité et de la gestion de l’économie. L’État est donc une organisation politique et administrative qui exerce le pouvoir souverain sur un territoire donné.

Le système politique fait référence à l’ensemble des interactions entre les acteurs politiques, y compris les partis politiques, les groupes d’intérêts, les mouvements sociaux et les citoyens, qui influencent la prise de décision politique. Le système politique est donc plus large que le régime politique ou l’État, car il inclut tous les acteurs politiques qui interagissent pour influencer la prise de décision.

Malgré ces distinctions, il est fréquent que les termes “régime politique”, “État” et “système politique” soient utilisés indifféremment ou confondus les uns avec les autres. Cette confusion peut rendre difficile la compréhension de la nature et du fonctionnement des systèmes politiques, et il est donc important de distinguer clairement ces termes pour mieux comprendre les systèmes politiques dans leur ensemble.

Sous-système économique

Le sous-système économique ou le modèle économique est une autre composante importante du système politique d’un pays. Il est composé des institutions et des processus qui régulent la production, la distribution et la consommation des biens et des services dans l’économie nationale. Cette composante comprend une variété d’aspects tels que les politiques économiques, les systèmes fiscaux et monétaires, le commerce international, l’investissement, l’innovation et la réglementation économique.

Les politiques économiques sont des mesures prises par le gouvernement pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et améliorer la qualité de vie de la population. Elles peuvent inclure des politiques fiscales telles que la taxation et la redistribution des revenus, ainsi que des politiques monétaires telles que la gestion de la monnaie et des taux d’intérêt pour stimuler l’investissement.

Le commerce international est également une composante essentielle du sous-système économique et peut avoir un impact significatif sur l’économie nationale. Les accords commerciaux, les barrières tarifaires et non-tarifaires, ainsi que les politiques d’investissement sont autant d’aspects qui peuvent affecter la compétitivité et la prospérité économique d’un pays.

L’innovation et la réglementation économique sont également des éléments importants du sous-système économique. L’innovation, la recherche et le développement peuvent stimuler la croissance économique et la création d’emplois, tandis que la réglementation économique vise à protéger les consommateurs, l’environnement et la concurrence dans le marché.

Le modèle économique peut également avoir des implications pour d’autres aspects de la société, tels que l’environnement, la santé et le bien-être des individus. Par exemple, un modèle économique basé sur une croissance économique rapide peut avoir des impacts négatifs sur l’environnement et la santé des individus, tandis qu’un modèle économique axé sur la durabilité peut chercher à minimiser ces impacts.

En résumé, le modèle économique est une composante essentielle du système politique qui détermine la manière dont une société produit, distribue et utilise ses ressources économiques. Il peut prendre différentes formes en fonction de l’intervention de l’État dans l’économie, du niveau de réglementation et de l’orientation idéologique. Le modèle économique peut également avoir des implications pour d’autres aspects de la société, tels que l’environnement, la santé et le bien-être des individus.

Les systèmes politiques varient considérablement d’un pays à l’autre, en fonction de l’histoire, des traditions politiques, des institutions, des valeurs et des cultures politiques. Ces différences peuvent être observées dans la façon dont les pays sont gouvernés, les processus politiques qui sont en place, les formes de participation politique et les modes de prise de décision politique. De même, les systèmes politiques peuvent varier en fonction du rôle de l’État dans l’économie, du niveau de développement économique, de la structure sociale, de l’histoire politique et des relations internationales.

Enfin, les systèmes politiques peuvent être influencés par des facteurs culturels et religieux. Par exemple, dans certains pays, la religion peut jouer un rôle important dans la vie politique, avec des partis politiques qui sont basés sur l’appartenance religieuse ou qui promeuvent des politiques basées sur la religion.

Dans l’ensemble, l’hétérogénéité des systèmes politiques reflète la diversité de la vie politique dans le monde, ainsi que les différentes manières dont les sociétés humaines organisent leur vie politique. Comprendre cette diversité est important pour mieux appréhender les enjeux et les défis qui se posent dans le monde politique contemporain.

Système politique en Algérie

Avant de se frotter au modèle de l’Etat-Nation moderne après la colonisation, l’Algérie a connu une évolution politique, sociale et économique complexe et mouvementée au cours de son histoire. Il est important de noter que les sociétés algériennes étaient diverses et ne formaient pas un État unique et Algérie dans ses frontières actuels est le résultat de la guerre d’indépendance, avant  l’Algérie était constituée de différents royaumes et tribus amazighes qui étaient organisés selon des systèmes politiques et sociaux propres à chaque groupe qui ont évolué dans le temps. Cependant, on peut observer certaines caractéristiques générales qui ont marqué ces sociétés.

Du point de vue politique, ces sociétés étaient souvent organisées autour d’une structure tribale, avec un chef de tribu qui exerçait une autorité plus ou moins importante sur les membres de la tribu. Il y avait également des royaumes, des empires et des cités-États qui existaient avant la colonisation, comme les royaumes berbères ou les empires numides.

Sur le plan économique, les sociétés en Algérie étaient principalement basées sur l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et le commerce. L’économie était souvent organisée selon des règles traditionnelles, avec des échanges basés sur des pratiques coutumières et des circuits d’échange locaux. Le commerce transsaharien a également joué un rôle important dans l’économie de l’Afrique du Nord.

Sur le plan social, la société algérienne était souvent organisée selon une hiérarchie sociale, avec des castes ou des classes sociales différenciées en fonction de leur origine ou de leur métier. Il y avait également des pratiques religieuses et des croyances animistes qui variaient selon les groupes sociaux.

Évolution historique du système politique algérien avant l'indépendance

Période antique :

La période antique en Algérie était marquée par une grande diversité d’États et de cultures, dont les plus connus étaient les empires numides. Les Numides étaient des peuples amazighes autochtones qui ont construit un certain nombre de royaumes et d’États, tels que le royaume de Numidie, Mauritanie, Gétulie, Tripolitaine …

L’organisation politique de cette époque était centrée autour des rois et des chefs tribaux, qui dirigeaient les différents États et royaumes. Les relations politiques entre les États étaient souvent tendues et marquées par des conflits territoriaux et des rivalités pour le pouvoir. Les cités phéniciennes étaient souvent en conflit avec les royaumes numides voisins pour le contrôle des routes commerciales et des ressources naturelles.

Sur le plan économique, la période antique était caractérisée par une économie essentiellement agricole, avec la production de céréales, d’olives, de fruits et de légumes. Le commerce était également un élément important de l’économie, avec des échanges commerciaux à grande échelle entre les différentes cités et États.

La société antique en Algérie était hiérarchisée, avec une élite dirigeante et une population de travailleurs et d’esclaves. Les nobles et les chefs tribaux avaient un statut élevé et étaient souvent impliqués dans la politique et la guerre, tandis que les paysans et les travailleurs étaient largement considérés comme inférieurs. Les esclaves, quant à eux, étaient souvent utilisés pour le travail manuel dans les exploitations agricoles et dans les villes.

Dans la période de la basse antiquité l’Algérie a été intégrée à l’Empire romain et la région a connu une forte romanisation. L’organisation politique était basée sur les villes, avec la mise en place de gouverneurs et de conseils municipaux. Le système économique était basé sur l’agriculture, l’élevage et le commerce, notamment avec l’Empire romain. Les structures sociales étaient hiérarchisées, avec une aristocratie foncière et une population laborieuse. Après la chute de l’Empire romain d’Occident, l’Algérie est devenue une terre disputée entre différentes tribus. Les tribus amazighes étaient organisées en confédérations, avec des chefs tribaux qui régnaient sur des territoires délimités. L’économie était basée sur l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et le commerce caravanier transsaharien. Les structures sociales étaient tribales, avec une hiérarchie basée sur la naissance et les liens de parenté.

Dans l’ensemble, les États amazighs de la période antique ont joué un rôle important dans le développement de la culture et de la civilisation dans la région de l’Afrique du Nord, et ont laissé un héritage durable qui est encore visible aujourd’hui dans la culture et les traditions de la région.

Période médiévale :

La période médiévale de l’Algérie est marquée par l’arrivée de l’islam. Les États amazighes du Moyen Âge ont été caractérisés par leur grande diversité politique et culturelle. Pendant cette période, les Amazighes ont créé plusieurs États et royaumes indépendants, tels que les royaumes : Rostomides, Dzirides, Hammadites, Zianides, Mouravides, Mouahides …Dans l’ensemble, les États amazighs du Moyen Âge étaient caractérisés par une grande diversité politique, culturelle et économique. Au cours de la période médiévale, l’Algérie a connu une grande diversité culturelle et religieuse, avec la coexistence de populations amazighes, arabes, maures, juives et chrétiennes.

Au XVIIIe siècle, l’Algérie est devenue une province ottomane connue sous le nom de Régence d’Alger. Les Turcs ont instauré un système politique complexe qui a intégré les tribus locales dans une structure étatique. Le pouvoir était exercé par un bey, nommé par le sultan ottoman, qui gouvernait avec l’aide d’une classe de bureaucrates et de chefs militaires. La région de l’Algérie est devenue un centre important de la piraterie barbaresque, qui consistait en des attaques de navires européens pour capturer des prisonniers et obtenir des rançons. Les pirates barbaresques étaient souvent soutenus par les autorités locales, ce qui a conduit à des tensions avec les puissances européennes, notamment la France et l’Espagne.

En ce qui concerne l’économie, l’agriculture était la principale activité économique, avec la production de céréales, d’olives, de figues et d’amandes. L’élevage était également important, en particulier l’élevage de moutons, de chèvres et de chameaux. Le commerce était également un secteur important, avec la production et la vente de tissus, de cuir, de poterie et de bijoux.

Dans l’ensemble, la période médiévale de l’Algérie a été marquée par une grande instabilité politique et des conflits entre les différentes dynasties qui ont gouverné. En somme, la période médiévale en Algérie a été caractérisée par un développement économique et urbain important, une organisation politique centralisée basée sur le califat ou le sultanat, une société divisée en classes et une économie basée sur l’agriculture et le commerce.

Colonisation française :

L’Algérie est devenue une colonie française en 1830, et a été gouvernée comme une partie intégrante de l’Empire et la République française jusqu’à l’indépendance en 1962. Lors de la colonisation française, l’Algérie a été intégrée dans un système colonial rigide, qui a été caractérisé par l’oppression politique, sociale et économique de la population algérienne autochtone.

En résumé, le système politique en Algérie a connu une évolution complexe et souvent tumultueuse au fil de l’histoire, avec des périodes de gouvernance autoritaire, de violence politique et de conflit. Bien que le pays ait connu des changements significatifs depuis son indépendance, il reste confronté à des défis majeurs en matière de gouvernance démocratique, de droits de l’homme et de développement économique.

Le système politique contemporain

Après l’indépendance, l’Algérie a construit un État tourné vers la modernité avec des institutions centrales et locales, le droit positif comme source de la norme juridique, un système d’état civile très élaboré, des politiques publiques orientées vers la modernité avec la généralisation de l’instruction des deux sexes, des politiques d’industrialisations. Le tout sur les ruines d’un fond organisationnel politique et social anthropologique plusieurs fois millénaires. Un ordre traditionnel que la colonisation française n’a pas réussi à faire disparaitre complètement. Il reste toujours présent dans l’inconscient et l’imaginaire collectif des algériens. C’est ce qui donne sa caractéristique au système politique algérien, une mélange entre la modernité dans l’organisation de l’Etat, la forme des institutions, les modes de production économiques, le tout repose sur une survivance de pratiques et valeurs traditionnelles.  

La famille traditionnelle est toujours dominante dans les société. Les tribus ont disparu physiquement, mais le sentiment d’appartenance, l’allégeance, et les réflexes culturels existent  toujours dans l’imaginaire collectif où la société est réfractaire à toute idée de centralisation et d’hégémonie que représente l’Etat au sens moderne, ou l’exercice de l’autorité est complètement délégué à des corps étrangers. En outre, les confréries religieuses, bien que n’étant plus aussi visibles qu’auparavant, ont toujours une influence importante sur la vie sociale et politique du pays.

Le système politique algérien est composé par un sous-système socio-culturel ou la famille élargie reste le pivot central, la nucléarisation est en cours mais reste toujours pas la structure dominante. Un sous-système politique avec un Etat moderne, caractérisé par une nature autoritaire ou l’armée reste le pivot central de sa constitution et un au final un sous-système économique construit principalement au tour de l’exploitation des ressources naturelles et la redistribution de la richesse grâce à la manne pétrolière. Tout cela sur un socle de valeurs dominé par la survivance de l’imaginaire collectif qui puise ses sources dans l’ordre traditionnel avec des réflexes de solidarités claniques, tribales et une forte présence de la pratique religieuse.

Ordre social

L’Algérie est un pays avec un ordre social complexe et en constante évolution. Le système social algérien est basé sur une combinaison de traditions tribales, de pratiques religieuses et de valeurs modernes. Les liens familiaux et communautaires sont très importants en Algérie, et la société est généralement conservatrice en matière de mœurs et de valeurs.

L’ordre social contemporain en Algérie est influencé par l’ordre traditionnel, mais aussi par des forces nouvelles et changeantes. Les valeurs modernes, telles que la démocratie, les droits de l’homme et la liberté d’expression, sont en train de prendre de l’importance dans la société algérienne, tandis que les anciennes structures tribales et familiales sont parfois remises en question.

L’Algérie a également été confrontée à des changements sociaux et économiques importants ces dernières années, tels que l’urbanisation, l’éducation, la croissance économique et la montée de la classe moyenne et aussi une sécularisation par le bas très dynamique. Ces changements ont conduit à des transformations profondes dans la société algérienne et ont parfois créé des tensions entre l’ordre traditionnel et l’ordre contemporain.

Pour aller loin :

Régime politique

Le régime politique algérien est la composante juridique et institutionnelle du système politique. Il matérialise dans la forme la notion de l’Etat. Il comporte toutes les institutions formelles qui organisent les rapports de pouvoir entre les gouvernants et les gouvernés. Le rapport de pouvoir sont de nature autoritaire.

Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, le pays a connu différents formes d’organisation du régime politique, notamment un régime socialiste à parti unique, puis depuis 1989 un régime de façade démocratique à parti multiple. Cependant, malgré ces changements, le régime politique algérien reste marqué par une forte concentration du pouvoir et une tendance autoritaire.

Le pouvoir en Algérie est largement concentré entre les mains de l’élite politique et économique du pays et les choix et les pratiques du régime politique ont eu un impact significatif sur la formation et la consolidation de l’Etat algérien, ainsi que sur son fonctionnement et son développement au fil des années.

 

Modèle économique

Le modèle économique de l’Algérie est un sujet complexe qui a connu des évolutions importantes au fil du temps. Le pays a connu plusieurs phases économiques depuis son indépendance en 1962, notamment une période de nationalisation de l’économie, une période de libéralisation économique dans les années 1990, et une période plus récente de diversification économique et de développement des secteurs non pétroliers.

L’Algérie dispose de vastes ressources en hydrocarbures, qui ont longtemps constitué la principale source de revenus du pays. Cependant, le pays a également développé d’autres secteurs économiques tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière, le tourisme et les services. Le gouvernement algérien a mis en place plusieurs politiques économiques visant à diversifier l’économie et à réduire la dépendance aux hydrocarbures.

Cependant, l’Algérie continue de faire face à plusieurs défis économiques, notamment le chômage élevé, la faible diversification de l’économie, le manque d’investissements étrangers, la corruption et la bureaucratie.

 

L'Etat - Nation en Algérie

Etat algérien

Admise dans la société internationale en tant qu’État souverain et indépendant en 1962 comme membre de l’ONU, l’Algérie écrit, depuis cette date son histoire politique et constitutionnelle moderne. 

Dans la forme, l’État algérien est une république semi-présidentielle située en Afrique du Nord, avec Alger comme capitale.

L’Etat algérien est moderne : c’est à dire qu’il répond à la conception juridique admise par le droit international public, qui définit l’Etat à travers le triptyque qui le compose : 

  1. Territoire: les frontières de l’actuel Algérie reprends principalement les frontières historiques des différents entités politique qui se sont succédés depuis les Etats Numides (y compris le Sahara, qui est un territoire Touareg). 
  1. Population :   la population algérienne est le résultat d’un brassage historique qui s’enracine dans la profondeur des 4 000 ans d’histoire de civilisation, avec un substrat amazigh. 
  1. Pouvoir souverain et légitime: le pouvoir repose principalement sur la délégation de l’exercice de l’autorité par ceux qui doivent la subir (le peuple), pour ceux qui l’exerce, c’est à dire l’ensemble des entités et des personnes qui constitue l’appareil bureaucratique et institutionnel de l’Etat. Cette délégation d’autorité permet à l’État de  se présenter comme la source unique de tous les pouvoirs publics, c’est le sens de la souveraineté, ceci indépendamment du système qui le contrôle et de la nature du régime politique qui le compose. Le pouvoir algérien tire sa légitimité de la guerre de libération (légitimité historique), avant de muter vers une légitimité de façade démocratique, le tout sur fond idéologique nationalo-conservateur.  

Nous pouvons dire, qu’abstraction faite des différentes conceptions juridiques, philosophiques, sociologiques ou historiques, que l’Etat algérien contemporain est le résultat de l’histoire de différents États archaïques, y compris les États Numides et les États Amazigho-Musulmans médiévaux tels que les Rostomides, les Zirides et les Zianides, ainsi que la Régence d’Alger et la colonisation française. Ces États ont tous laissé leur empreinte sur la société algérienne contemporaine, qui repose sur un fond traditionnel segmentaire qui remonte aux origines amazighes de la région. Dans cette organisation politique et sociale, l’appartenance tribale est fondamentale et constitue le socle anthropologique du monde amazigh.

En conclusion, l’histoire complexe de l’Algérie a laissé une empreinte durable sur sa société et son système politique actuel. Les fondements anthropologiques de l’organisation segmentaire traditionnelle restent un élément important de la société algérienne, et les confréries religieuses ont également une influence importante. Cependant, l’État moderne, qui repose sur une nature autoritaire et une forte redistribution de la richesse grâce à la manne pétrolière, joue un rôle clé dans la vie politique et économique de l’Algérie contemporaine.

Nation algérienne

En ce qui concerne la Nation algérienne, il convient de souligner que cette notion est d’abord philosophique plutôt que juridique. C’est une construction inachevée qui évolue avec le temps et les événements historiques. Dans le droit international classique, seul l’Etat souverain est reconnu comme sujet de droit. Toutefois, il existe une différence fondamentale entre l’Etat et la Nation. L’Etat est une entité politique organisée ayant une souveraineté sur un territoire donné, alors que la Nation est une communauté humaine partageant une identité culturelle et historique.

Les définitions de la Nation varient selon les conceptions politiques et les présupposés idéologiques. Les deux grandes conceptions de la Nation qui se sont affrontées et qui continuent de s’affronter aujourd’hui, opposent la communauté naturelle (ethnique) et la société contractuelle (civique). La première conception est fondée sur des liens objectifs, tels que ceux du sang (la famille, la race, l’ethnie), ceux du voisinage et du compagnonnage (village, pays, corporations). On ne choisit pas d’y appartenir, tout au plus peut-on choisir dans certains cas de la quitter. La deuxième conception, au contraire, est une société qui reflète le processus de modernisation, elle est fondée sur l’association volontaire et le consentement. Des individus acceptent, par des calculs rationnels, d’œuvrer en commun afin d’atteindre des objectifs jugés souhaitables.

En ce qui concerne l’Algérie, si l’on considère que le critère essentiel, mais non unique, de l’existence d’une nation réside dans la volonté des populations de partager un destin commun sur un territoire, alors on voit mal comment ne pas admettre que le peuple algérien s’est considéré comme une Nation à plusieurs périodes de son histoire, en consentant les sacrifices nécessaires. La formation et l’existence de la Nation algérienne paraissent donc indiscutables, et la guerre de libération a cimenté cette volonté d’œuvrer ensemble pour construire une Nation moderne, où la citoyenneté est le seul critère objectif d’appartenance au groupe.

Cependant, il est important de noter que les débats sur les questions ethniques et identitaires continuent de parasiter le débat politique en Algérie. L’appartenance tribale et ethnique est encore très importante pour de nombreux Algériens, même si les leaders politiques et intellectuels essaient de promouvoir une identité nationale forte et unie. Il est donc essentiel de sensibiliser la population à l’importance de s’identifier à l’Etat comme première référence avant toutes autres appartenances qu’elles soient ethniques, tribales ou religieuses, afin de prémunir l’Algérie de toutes volontés de dislocation ou de déstabilisation, qu’elles soient militaires ou culturelles.

 Etat-nation

La notion d’État-Nation désigne un État souverain dont les frontières géographiques coïncident avec le territoire d’une nation, c’est-à-dire un groupe de personnes partageant une même langue, une même culture, une même histoire et un même sentiment d’appartenance. Cette idée d’État-Nation est apparue au cours des 18ème et 19ème siècles, dans le contexte de la montée du nationalisme en Europe. Aujourd’hui, la plupart des États sont des États-Nations, mais il existe également des États où plusieurs nations coexistent, ainsi que des nations qui n’ont pas leur propre État souverain.

Etat-nation en Algérie

L’Algérie est une république unitaire et souveraine qui se définit elle-même comme un État-nation. Cela signifie que l’État algérien est le représentant de la nation algérienne, et que les institutions et les lois sont censées refléter les valeurs et les aspirations de cette nation.

Le principe de l’État-nation est inscrit dans la Constitution algérienne de 2016, qui stipule que l’Algérie est un État démocratique et social, fondé sur le principe de la souveraineté nationale. La Constitution affirme également que la nation algérienne est fondée sur la religion musulmane, l’arabité et l’amazighité (berbérité).

Cependant, la mise en pratique de ce principe est souvent remise en question en raison de la diversité ethnique et culturelle de la population algérienne. Les mouvements berbères et les défenseurs des droits des minorités estiment que l’État algérien doit mieux reconnaître et respecter la diversité culturelle du pays.

En outre, la domination du pouvoir militaire dans le système politique algérien a souvent conduit à des accusations selon lesquelles le pouvoir politique est éloigné des préoccupations de la société et qu’il a peu à voir avec la réalité de la nation algérienne.

En somme, l’Algérie se définit comme un État-nation, mais la mise en pratique de ce principe est souvent remise en question en raison de la diversité ethnique et culturelle de la population, ainsi que de la domination du pouvoir militaire dans le système politique.

Fonctionnement du système politique algérien

Le système politique en Algérie est caractérisé par une combinaison complexe d’oligarchie militaire, de tribalisme, de clientélisme et de formalisme avec un fond autoritaire :

  • Oligarchie militaire :

Le système politique algérien est dominé par un groupe de dirigeants militaires et politiques qui ont exercé le pouvoir de manière autoritaire depuis l’indépendance. L’oligarchie militaire algérienne est composée de hauts gradés de l’armée et d’autres institutions de sécurité, qui ont souvent joué un rôle important dans la gouvernance du pays depuis l’indépendance en 1962. Ces militaires ont exercé une influence considérable sur la politique nationale, occupant souvent des postes clés dans le gouvernement et l’administration, et prenant des décisions importantes sur les questions économiques, de sécurité et diplomatiques.

Le coeur du pouvoir politique et de la gestion des affaires politiques, institutionnels, et économiques de l’Algérie est dominé donc et privatisé par une oligarchie constitué principalement par des militaires et sa clientèle. Il y a une forme d’alliance hétérogène entre les composantes qui monopolisent le pouvoir, avec un seul objectif, celui d’assurer le maintien de l’autorité, de diminuer les coûts de la compétition selon les périodes et d’en sécuriser les bénéfices, qui peuvent être économiques, politiques ou symboliques. C’est ce qui donne le caractère autoritaire du régime politique algérien post-indépendance, qui a évolué depuis au gré des rapports de forces qui se disputent le pouvoir. 

  • Triumvirat , coeur du pouvoir

Le terme “triumvirat” est parfois utilisé pour décrire la façon dont l’Algérie est gouvernée, faisant référence au groupe de personnes qui exercent et partagent le pouvoir : le commandement de l’armée, le président de la République et les services de sécurité.

Le commandement de l’armée algérienne a traditionnellement exercé une grande influence sur le système politique du pays, ayant joué un rôle clé dans la lutte pour l’indépendance et dans la transition vers l’indépendance en 1962. Les services de sécurité en Algérie, notamment la Direction du Renseignement et de la Sécurité (DRS), ont également exercé une grande influence sur la politique algérienne. La DRS a été créée en 1990 pour lutter contre le terrorisme islamiste, mais elle a également été accusée de surveiller et de réprimer les opposants politique. Le président de la République, quant à lui, est le chef de l’État algérien et est censé être le représentant de la nation algérienne. Cependant, dans la pratique, le pouvoir réel est souvent détenu par l’armée et les services de sécurité.  Ces trois acteurs agissent comme un cartel :  

-d’un coté, ils sont en compétition pour le contrôle du méta-pouvoir (le pouvoir du pouvoir) qui leur permet d’agir sur les autres acteurs qui compose le système en instrumentalisant les institutions pour accaparer les ressources (moyens de la violence, argent) en s’affrontant par des actes de régulation (enquêtes anti corruption, mise à la retraite, presse interposée…).  

-de l’autre, ils sont solidaires et mettent de coté la compétition, les contradictions, à chaque fois qu’un danger extérieur menace les équilibres internes du système, ou qui peut remettre en cause la main mise sur le méta-pouvoir (une opposition politique ou un mouvement social non contrôlé).  

C’est ce qui explique que, malgré les crises qui le secoue, les équilibres fondamentaux ne soient jamais bouleversés, car les mêmes acteurs qui composent ce cartel se réunissent  pour garantir une situation de prévalence et ne se gêne pas à se débarrasser d’une partie de sa composante pour sauver les fondamentaux qui le compose.

Cet ordre et équilibre est maintenu par le mécanisme de la clientélisation des autres composante du système et des élites en redistribuant les ressources, principalement la rente pétrolière, et l’institutionnalisation des fidélités personnels par des plans de carrière

  • Le Clientélisme : 

Le clientélisme est un autre facteur important qui affecte le fonctionnement du système politique en Algérie. Le clientélisme est une pratique qui implique l’échange de faveurs politiques, économiques ou sociales entre les élites politiques et les citoyens, souvent pour des avantages mutuels.

En Algérie, le clientélisme a souvent pris la forme de l’attribution de postes clés dans l’administration, l’armée, les entreprises publiques et autres institutions à des personnes liées aux élites politiques. Les avantages accordés en échange de cette loyauté peuvent inclure l’accès à des ressources économiques, des privilèges juridiques et fiscaux, ou des bénéfices politiques.

Le clientélisme est souvent étroitement lié à d’autres facteurs tels que le tribalisme, la corruption et l’oligarchie militaire, et peut contribuer à renforcer ces tendances. En effet, les relations clientélistes peuvent souvent être utilisées pour renforcer les liens entre les élites politiques et économiques, et pour maintenir un pouvoir centralisé et autoritaire.

Cependant, il est important de noter que le clientélisme n’est pas un phénomène unique à l’Algérie et qu’il existe dans de nombreux autres pays. Il est également important de noter que le clientélisme peut prendre différentes formes et degrés de gravité, allant d’une pratique courante et tolérée à une corruption institutionnalisée et systémique.

  •  Le tribalisme

Le tribalisme, c’est-à-dire la tendance à privilégier les membres de sa propre tribu ou groupe ethnique, a été un facteur important dans la gestion des affaires de l’Etat en Algérie, en particulier dans les années qui ont suivi l’indépendance en 1962.

Le système politique algérien a été caractérisé par un réseau complexe de relations tribales et familiales, qui ont souvent pris le pas sur les compétences et les qualifications des individus. Les postes clés dans l’administration, l’armée, les entreprises publiques et autres institutions ont souvent été attribués sur la base de relations personnelles plutôt que sur des critères objectifs.

Cette situation a été exacerbée par la concentration des ressources économiques et politiques dans les mains d’une élite restreinte, souvent originaire des régions côtières du pays. Les régions intérieures et les minorités ethniques ont souvent été marginalisées dans la vie politique et économique.

Cependant, il convient de noter que le tribalisme n’est pas le seul facteur en jeu dans la gestion des affaires de l’Etat en Algérie. Les intérêts économiques et politiques, la corruption, la violence politique et d’autres facteurs ont également joué un rôle important dans la manière dont le pays a été gouverné au fil des ans.

De plus, il y a eu des tentatives de la part du gouvernement algérien pour atténuer l’influence du tribalisme, notamment en instaurant des politiques de discrimination positive pour les régions et groupes ethniques marginalisés. Cependant, ces efforts ont souvent été limités et insuffisants pour résoudre les problèmes plus larges de gouvernance en Algérie.

De manière générale, depuis l’indépendance et jusqu’au début des années 1990, le fait tribal fut perçu comme un archaïsme social préjudiciable pour l’Algérie. La politique socialiste et nationaliste du parti unique fln et de l’État supposait la lutte contre les « archaïsmes » et les divisions pouvant exister au sein de la nation. Toutefois, même s’il était vu comme nuisible, le fait tribal n’a jamais été réellement combattu. Compte tenu des circonstances historiques, il n’avait que peu de poids au sein de la nouvelle société algérienne. Aujourd’hui encore, les organisations sociales de type tribal semblent assez minoritaires mais l’esprit reste vifs et remonte en surface pendant les crises politiques majeurs, comme c’était le cas en 2019. C’est la tribalisme sans tribus, comme l’a théorisé Mohamed Hachemaoui.  

  • Le formalisme institutionnel :

Le formalisme, ou la tendance à suivre les règles et les procédures sans tenir compte de leur efficacité ou de leur pertinence, est également une caractéristique importante du système politique algérien. Les institutions gouvernementales et les processus démocratiques sont souvent en place de manière formelle, mais leur application réelle peut être limitée ou manipulée.

Évolution du système politique algérien

Depuis l’accession à l’indépendance en 1962, l’Algérie a connu une évolution politique complexe, caractérisée par des périodes de relative ouverture et de réformes, mais également marquée par des périodes de répression brutale de toute opposition. Le pays a été gouverné par un régime autoritaire à parti unique pendant plus de trois décennies avant de connaître une transition vers un régime de façade démocratique en 1989.

Cependant, cette transition n’a pas permis de répondre aux aspirations démocratiques de la population, et l’Algérie a rapidement plongé dans une crise politique et économique profonde, qui a donné lieu à des violences politiques et à la montée de l’islamisme radical dans les années 1990. Cette période de violence a été l’une des plus sombres de l’histoire du pays, avec des milliers de morts et une forte répression de toute opposition.

Depuis la fin de la guerre civile en 2002, l’Algérie a connu une relative stabilité politique, mais le régime en place continue de faire face à des critiques et à des contestations de la part de la société civile et de l’opposition politique, qui demandent une véritable ouverture politique et une réforme du système en place.

Phase I – ère du parie unique

  1. Les débuts de l’indépendance (1962-1965)

Après l’indépendance en 1962, l’Algérie a connu des conflits internes entre les différents dirigeants du FLN (Front de Libération Nationale), le parti unique qui a pris le pouvoir. Ces conflits étaient liés aux choix d’orientations politiques très contestés, notamment sur la question de la modernisation et de la sécularisation de la société. Deux projets étaient en compétition : celui de la gauche prônait la construction d’une modernité par en bas, grâce à l’autogestion et une réforme du parti autorisant les tendances organisées, tandis que celui des militaires favorisait une modernisation autoritaire, mise en œuvre par des élites étatiques.

Dans les premières années de l’indépendance, le régime politique algérien était caractérisé par une forte centralisation, une répression de toute opposition, une absence de liberté d’expression et de partis politiques, ainsi que l’instauration de mesures économiques socialistes. Les premières réformes politiques n’ont été introduites qu’en 1965, avec la mise en place d’une constitution qui prévoyait l’élection d’une assemblée nationale et d’un président de la République, ainsi que la création d’un Conseil de la Révolution.

  1. L’ère Boumediene (1965-1978)

En 1965, Houari Boumediene, un ancien officier de l’armée, a pris le pouvoir après un coup d’État. Sous sa présidence, le régime a connu une période de modernisation et d’ouverture économique, avec la mise en place d’un plan quinquennal ambitieux pour le développement industriel du pays. Boumediene a également lancé une campagne de nationalisation et de redistribution des terres, ainsi que des réformes en faveur des femmes, avec notamment l’interdiction de la polygamie.

Sur le plan politique, Boumediene a maintenu un parti unique, le FLN, mais a permis une certaine ouverture à l’opposition, en autorisant la création de syndicats indépendants, d’associations de jeunesse et de femmes, ainsi que la tenue d’élections locales. Néanmoins, les élections étaient largement contrôlées par le régime, et les partis d’opposition étaient tolérés à condition de ne pas remettre en cause le parti unique et le système en place.

  1. La crise économique et la montée de l’islamisme (1978-1988)

Dans les années 1970, l’Algérie avait connu une forte croissance économique grâce à ses revenus pétroliers. Cependant, à la fin de la décennie, la chute des prix du pétrole a entraîné une crise économique majeure. Le gouvernement a été confronté à des difficultés financières croissantes, notamment une dette étrangère croissante, une inflation galopante et un chômage croissant. Cette situation a provoqué des tensions sociales et politiques, avec des manifestations étudiantes et ouvrières qui se multipliaient.

En même temps, le mécontentement de la population à l’égard du régime en place s’est intensifié. Le parti unique FLN, malgré des réformes limitées, était considéré comme corrompu, inefficace et incompétent. Les Algériens ont commencé à rechercher des alternatives politiques et sociales, et certains se sont tournés vers l’islamisme.

Phase II – Démocratie de façade

L’année 1988 a été marquée par une série de manifestations qui ont eu lieu dans tout le pays, appelées “le printemps berbère”. Ces manifestations étaient dirigées par des militants berbères, qui réclamaient la reconnaissance de leur identité culturelle et linguistique. Cependant, ces manifestations ont également donné lieu à des revendications plus larges, telles que la démocratie et la fin du parti unique.

Le gouvernement algérien a réagi en mettant en place des réformes politiques, qui ont été entérinées par la constitution de 1989. Cette constitution a instauré le multipartisme et a permis la création de nouveaux partis politiques, mettant ainsi fin à l’ère du parti unique. Les élections législatives de 1990 ont été remportées par le Front islamique du salut (FIS), qui a obtenu une majorité écrasante.

Cependant, cette victoire a été de courte durée. Le gouvernement algérien, craignant la montée en puissance des islamistes, a annulé les résultats des élections et a suspendu le processus démocratique. Cette décision a entraîné une réaction violente de la part des islamistes, qui ont lancé une guerre civile en 1992.

1. Guerre civile et consolidation du pouvoir militaire (1992-1999)

Après l’annulation du processus électoral en janvier 1992, la situation politique en Algérie est devenue de plus en plus instable. Des violences et des attentats ont augmenté, provoquant une guerre civile qui a duré plus d’une décennie. En 1994, Liamine Zéroual, un général à la retraite, est élu président de l’Algérie lors d’une élection présidentielle organisée sous la supervision de l’armée.

Zéroual a rapidement lancé des réformes constitutionnelles et politiques, y compris une nouvelle constitution en 1996 qui a renforcé la démocratie participative et a réduit les pouvoirs du président. En 1997, il a créé un nouveau parti politique, le Rassemblement National Démocratique (RND), pour contrer la montée du Front Islamique du Salut (FIS), le parti islamiste qui avait remporté les élections de 1991.

Lors des élections législatives de 1997, le RND a remporté la majorité des sièges, évinçant ainsi le Front Islamique du Salut (FIS) de la scène politique. Cette élection a été largement considérée comme frauduleuse par les partisans du FIS et d’autres observateurs, mais elle a permis de ramener un semblant de stabilité dans le pays.

Cependant, la guerre civile a continué, avec des groupes islamistes armés qui ont mené des attaques terroristes à travers le pays. L’armée a également été accusée d’avoir commis des atrocités dans sa lutte contre les groupes islamistes. La violence a finalement commencé à diminuer au milieu des années 2000, mais les problèmes économiques, sociaux et politiques persistent toujours en Algérie.

2. Le règne de Bouteflika (1999-2019)

La plus longue phase au pouvoir dans le système système politique en Algérie est le règne d’Abdelaziz Bouteflika. Il a été élu président en 1999 et a été réélu en 2004, 2009 et 2014. Au début de son mandat, Bouteflika a apporté des réformes économiques et a tenté de mettre fin à la guerre civile en offrant une amnistie aux groupes islamistes armés.

Cependant, au fil du temps, le régime de Bouteflika est devenu de plus en plus autoritaire. Il a supprimé la limite de deux mandats présidentiels en 2008, lui permettant de rester au pouvoir indéfiniment. Les élections ont été marquées par des fraudes massives et la répression de toute opposition politique.

En 2019, une vague de protestations a éclaté en Algérie, appelée Hirak, qui a réclamé la fin du régime de Bouteflika et des élections libres et transparentes. En avril 2019, Bouteflika a démissionné après avoir été poussé à le faire par l’armée. Depuis lors, l’Algérie est rentré dans une période de transition politique instable.

Phase III : Mouvement populaire de 2019 et la consolidation de l’autoritarisme ?

Après le mouvement populaire de 2019, l’Algérie est rentré dans une période d’une grande instabilité politique. En effet, bien que les manifestations aient contraint Bouteflika à démissionner en avril 2019, les élections présidentielles de décembre de la même année ont vu l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, un ancien ministre de Bouteflika.

Depuis son élection, Tebboune a tenté de consolider son pouvoir en lançant une série de réformes constitutionnelles et en remaniant le gouvernement. Cependant, ces réformes ont été largement considérées comme insuffisantes pour répondre aux demandes des manifestants, qui avaient continué de protester contre le régime. En outre, le gouvernement a intensifié sa répression contre les militants et les journalistes, et a emprisonné de nombreux manifestants, y compris des leaders du mouvement populaire dans l’optique de mettre fin au mouvement populaire.

Malgré les efforts du régime pour se consolider, l’Algérie reste très instable. De plus, les incertitudes subsistent quant à l’avenir politique de l’Algérie, notamment en raison de la fragilité du régime et de l’absence de consensus sur la voie à suivre pour sortir de la crise politique.

En somme, la consolidation de l’autoritarisme en Algérie après le mouvement populaire de 2019 a créé une situation politique très instable, caractérisée par des manifestations continues et une répression accrue. L’avenir politique de l’Algérie reste incertain, en l’absence de solutions viables pour sortir de la crise actuelle.

Le triumvirat - Coeur du système

Les institutions du régime

Le Conseil Constitutionnel

Le Conseil d'Etat

Les autres composantes du sysèmes

La rente pétrolière

Références bibliographiques

المراجع الببليوغرافية

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