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Akufi nt Tikta

Mythologie amaziɣ

Comprendre la mythologie, c’est comprendre les hommes. C’est pour cela que les mythes valent la peine d’être connus.  

Les mythes mettent en scène l’univers et l’humanité, la nature des dieux et des esprits, l’amour et la jalousie, la guerre et la paix, le bien et le mal, autant de thèmes abordés à travers des intrigues complexes, des personnages, des épisodes mémorables, et des concepts en phase avec nos émotions les plus intimes. Chaque peuple, chaque culture à sa mythologie, ses divinités, ses héros, ses rites et aussi de grands récits cosmiques.  

La mythologie est une dimension centrale de toutes les civilisations, elle cimente l’identité culturelle des peuples qui les perpétuent. Les mythes matérialisent un lien intime entre les hommes et les mondes naturels et spirituels. Leur pouvoir de fascination tient à leur aptitude à entrer en résonance avec ce qui existe en nous de plus profondément intime. Situés aux confins de la réalité et de l’imaginaire le plus fantaisiste, ils célèbrent l’étrange et l’incertain…mais ils parlent aussi à la passion et à l’inspiration des hommes. 

Tout le monde raconte des mythes. N’importe quelle culture de n’importe quelle époque produit des mythes. Chaque culture invente les siens, qu’ils soient écrits ou oraux. Qu’ils soient hérités d’un passé très ancien, proto ou préhistorique, de la haute antiquité, de moyen âge ou des moments historiques plus proches. Aussi, le mythe n’est pas lié à un temps bien précis et surtout pas forcément au passé. Nous pouvons parler de mythes au présent ou même au quotidien. La création des mythes n’a jamais cessé, les humains continuent d’en produire ou de reproduire, toujours pour les adapter aux temps et aux croyances du moment. 

Mythologie amaziɣe 

Le peuple amaziɣ comme tous les peuples ont forgé des mythes depuis la nuit des temps qui rayonnaient de manière durable sur le toute la méditerranéen. La richesse de la mythologie amaziɣe a influencé et elle-même été influencée par les croyances des autres peuples de la région : Phéniciens, Égyptiens, Grecs, Africains et Romains. Leurs divinités mystérieuses et leurs héros aventureux continuent de susciter la fascination. La postérité des mythes amaziɣs nous donne une idée de la richesse et du raffinement des cultures qui les virent naître.  

Longtemps colportés de bouche à oreille, la langue et la mémoire des mots et des gens, la mythologie amaziɣe ne nous est connue que de manière fragmentaire. Les premiers amaziɣs n’ont pas laissé beaucoup de traces écrites. La transmission orale explique en grande partie la nature changeante et plurielle des mythes amaziɣs, et marque l’adaptabilité et la variation à travers le temps.  

C’est un peu une gageure que de tenter de reconstituer cette mythologie ? En fait, contrairement à ce que beaucoup pensent, beaucoup de rites, de pratiques culturelles, de fêtes, toujours pratiquées et célébrées en Afrique du Nord ne sont qu’une survivance de cet héritage mythologique. En effet, nous pouvons comprendre certaines attitudes, certains comportements sociaux contemporains, sans faire appel à ces éléments des croyances anciennes.  

Loin de n’offrir qu’un intérêt intellectuel, loin de participer d’un quelconque culte de l’archaïsme, la connaissance des éléments de cette mythologie, encore partie intégrante du champ culturel des Nord Africains, permet, dans bien des cas, de rendre compte du présent.

Nous pouvons commencer ce travail en se posant la question : Mais pourquoi l’esprit humain nourrit-il un tel besoin de croire à des Mythes ? 

Les prémices d’une réponse à cette question peuvent être trouvés dans les croyances des cultures les plus simples. Les peuples primitifs attribuent à toute la nature, tout ce qui existe à l’état physique, une identité spirituelle toujours présente mais invisible qui peut être conjurée ou apaisée par les pouvoirs spéciaux détenus par certains individus de la tribu, les chamans ou sages. Ces esprits peuvent être mal définis et dotés d’une forme humaine ou animale. Ils ont des habitudes humaines : ils marchent, parlent, aiment, montrent de la colère ou de la joie. Puis ils prennent progressivement une figuration plus abstraite. Ainsi trouvons nous une déesse de l’accouchement, un dieu des tempêtes, une déesse de l’amour, voire un dieu de la cuisine, soucieux du confort de ses occupants, des ogres ou des ogresses. 

L’infrastructure sociale peut aussi refléter étroitement la nôtre : les divinités s’organisent selon un ordre hiérarchique connu sous le nom de panthéon et peuvent être classées en groupes, non seulement responsables de différents domaines qui contrôle du monde, mais aussi en groupe familial avec des parents, des enfants, des amant(e)s. D’où la multiplication du nombre de mythes. Pour l’essentiel et les plus répandus, nous pouvons citer :  

  • Les mythes qui racontent l’histoire de la création et de l’origine du monde, l’apparition des humains et des animaux 
  • Les mythes qui racontent les histoires des êtres surnaturels et des héros dotés de pouvoirs surhumains et sacralisés comme les génies, répandus dans la nature et pouvant se manifester, à tout moment :

  • dans la nature : dans un accident topographique, dans l’eau ou dans les astres 
  • chez l’homme ou chez l’animal
  • ou sous formes d’un tatouage  
  • Les mythes peuvent raconter aussi les histoires de personnages majeurs: les dieux et déesses 
  • Les mythes décrivent également les origines ou les nuances de coutumes ancestrales ou expliquent des événements naturels tels que le lever et le coucher du soleil, le cycle de la lune et des saisons, ou les orages et les éclairs. 

Les mythes ne sont pas seulement les histoires de divinités et de religions dites anciennes. Extraordinaires et surnaturels les récits abordent aussi des sujets profanes. Ainsi, dans les conceptions magiques et religieuses des anciens nord-africains, on reconnaît, dans un mélange assez hétérogène de phénomènes naturels sacralisés, des génies innomés, et d’entités ayant accédé à la qualité de Dieux, et aussi des cultes profanes plus ou moins organisés sous formes de rites et fêtes religieuses. Comme dans toutes les mythologies, dans la mythologie amaziɣe, il existe de nombreux types de mythes, transmis sous formes de contes, ils véhiculent la conception des imaziɣens du monde dans le but de répandre des valeurs. Aussi, ils peuvent se décliner sous formes de pratiques profanes, rites ou fêtes, toujours existantes de nos jours. Explorons les en commençant par exposer les mythes de la création, le sacré dans l’invisible, dans l’humain, la nature et l’animal.

Les mythes de la création du monde et sa fin

Cosmogonie. Théogonie. Eschatologie

La genèse du monde est le premier sujet auquel s’attachent les mythes, qui présentent un imaginaire de la création de la terre, des humains et des animaux, avec des récits fortement structurés.   

La mythologie amaziɣe, comme toutes les mythologies dans le monde, a produit son propre récit du commencement du monde (cosmogonie), de l’apparition des Dieux et des êtres vivants sur terre (théogonie), aussi un imaginaire sur la fin du monde (eschatologie). Ce savoir a dû subir face aux trois monothéismes et en particulier à l’Islam un refoulement si profond qu’il a été enterré dans les mémoires des imaziɣens. L’incompatibilité de ces mythes avec la vision monothéiste de l’origine du monde explique le profond refoulement dont ils font l’objet ; il ne s’agit cependant pas d’une amnésie totale : certains récits sont encore connus et de nombreux thèmes et motifs compris dans ces récits sont encore attestés dans la littérature orale, soit chez les kabyles rapporté par les Leo Frobenius, chez les amaziɣs du sud du Maroc rapporté par Hassane Benamara, ou chez les Touaregs, rapporté par Charles de Foucauld.  

  • Cosmogonie  

D’après la littérature orale locale des amaziɣs du sud du Maroc. « Tallest»  l’obscurité primordiale aurait présidé à la naissance du cosmos. Au début du monde il y avait « Tallest » une obscurité, un néant ou un chaos qui voilait un monde en ébullition. De par son étymologie, le mot « Tallest » signifie celle qui voile, il dérive du verbe (les) encore en usage, entre autres lieux, en Kabylie dans le sens de « habiller, vêtir, voiler »… « Tallest » voilait le premier couple universel Tamurt- Ajenna” (igenni) (Terre-Ciel) qui s’entrelacent et ne formait qu’un seul être. De ce couple incestueux naquirent les enfants « Tafuyt » (la femelle Soleil) et Ayur (le mâle Lune) eux aussi liés d’une union incestueuse qui engendra les enfants “itran” (les étoiles).  

L’univers vivait donc voilé par Tallest la première mère du monde ; de ses entrailles jaillirent Tamurt et Ajenna qui y vivaient jusqu’au jour où le couple Tafuyt-Ayur s’éclata de colère et se dispersa dans l’univers ainsi que sa progéniture itran, les luminaires enfants de l’inceste, eux aussi. Une séparation des enfants qui est à l’origine de la séparation des parents Terre et Ciel. De leur séparation naquirent le jour « ass » et la nuit « iḍ » et la lumière « tfawt » se propagea ainsi dans l’univers succédant à l’obscurité.  

Dans la mythologie kabyle, les entités qui forment l’Univers, à l’exception de la Terre donnée comme déjà existante, sont l’œuvre de la Première Mère du Monde ; elle est à l’origine de certains animaux et des astres les plus « familiers » : le soleil, la lune et les étoiles. La lune et le soleil proviennent eux-mêmes du règne animal, des animaux domestiques (bœuf et mouton). Les astres (la lune et le soleil) résultent des soins que la Première Mère du Monde apporte aux yeux du bœuf (azger) et du mouton (izimmer). La partie tuméfiée de la paupière du bœuf jetée dans l’eau donne la lune, et la partie tuméfiée de la paupière du mouton jetée dans le feu donne le soleil. 

Chez les touaregs, tous les éléments, les êtres, les choses, les moindres particules, sont perçus en mouvement, engagés dans un itinéraire cyclique rythmé par des étapes successives. Ainsi, les nomades en arpentant les sentiers ne font que mimer la marche du monde qui s’organise autour des points fixes que représentent, dans toutes leurs extensions symboliques, l’eau et l’abri. L’achèvement d’un trajet marque le début d’un autre cycle, dans une spirale ascendante qui conduit finalement à la fusion avec l’univers, à la désintégration de soi dans les flux cosmiques, à l’harmonie absolue, au « vide » ou au « néant ». Le terme même qui désigne la cosmogonie en touareg, tellamata, provient de la racine éllemi qui signifie « se répandre » et implique la notion de « flux » continuel et de « mouvement » perpétuel.  

  • Théogonie  

Selon la mythologie Kabyle, la Première Mère du Monde, le premier couple, les premiers hommes seraient apparus sur terre, sur cette face visible, en sortant d’un autre monde, monde souterrain, invisible, mais peuplé, monde obscur, monde des ténèbres, autre monde où règne la stérilité, où tout est à l’inverse du monde humain, civilisé. Ce monde souterrain est l’envers du monde où nous vivons, du monde des hommes, conquis par les hommes, du monde organisé et féconde. En apparence bien des choses sont semblables : paysages, forêts, montagnes, ravins, activités pastorales, et cependant tout y est antinomique de ce qui existe dans le monde humanisé : les moutons sont noirs, noir aussi le lait des chèvres réduites à paître des cendres et des charbons ;    

Le monde souterrain est celui des hommes communiquent par les puits, les grottes, par le moyen d’une porte ou d’une dalle de fer que seuls les médiateurs peuvent emprunter : héros de récits, génies, serpents, et les morts qui, confiée à la terre dont ils doivent assurer la fécondité, ils peuvent aussi être en contact avec ces au-delàs inquiétants. La nuit, les habitants du monde souterrain sont susceptibles de venir hanter le voisinage des humains, et seuls les hommes les plus valeureux où les plus pieux peuvent affronter et vaincre les forces surnaturelles néfastes. 

Dans ce monde souterrain d’où sont sortis les humains et les bovins présentent des ressemblances, leur origine est souterraine ; ils apparaissent en couples à la surface de la terre ; à proximité de l’eau, ils découvrent leur différence sexuelle, s’accouplent et se reproduisent.  

 – Les humains donnent naissance à quarante jeunes filles et quarante garçons. Les uns et les autres auraient d’abord vécu séparés, inconnus les uns des autres, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre. Jusqu’à ce que les jeunes femmes, curieuses, aient aperçu les jeunes gens ; et elles se seraient étonnées et intéressées par ces autres êtres humains, fort émus de leurs différences. C’est alors qu’elles les séduisent , prenant l’initiative des premiers rapports sexuels (sans savoir que leur union est incestueuse), elles optèrent ainsi l’ascendant sur les hommes. 

N’étant pas satisfaits de cette situation, les hommes se mirent à construire des maisons de pierres pour y enfermer les femmes qui dépendent alors des hommes et leur obéirent ; C’est ainsi qu’il devint tous civilisés et purent vivre en société. 

Cependant, un seul couple fait exception : le sauvage et la sauvage (ce sont des humains dénaturés, ils n’ont pas construit de maisons et sont devenus anthropophages), ils vécurent dans la forêt ; la sauvage devint la première « Teryel » (ogresse) et le sauvage le premier lion. La femme aurait gardé son apparence humaine mais ce serait perverti, cette ogresse dévoreuse d’êtres humains, surtout d’enfants, que parfois l’on redoute encore, car on le sait susceptible de hanter de nuit les alentours des fontaines.  

– De la fourmi, bonne conseillère, aurait initié les « premiers parents du monde » à l’agriculture, à la mouture et l’usage du moulin domestique (tissirt n wexxam) et à la fabrication du pain et du feu. Ils transmettent ces connaissances aux trente-neuf jeunes couples. La fourmi aurait encore enseigné aux hommes à faire des fêtes, en cette occasion, l’aurait montré comment sacrifier des moutons et des bœufs, avant de consommer leur viande. 

– La postérité des bovinés, elle, est plus complexe : le buffle originel (izerzer) et la génisse (tawmmatt) s’accouplent et donnent naissance à un taureau ; celui-ci sur instruction de la fourmi, couvre sa mère alors que celle-ci l’avait repoussé une première fois. Un affrontement s’ensuivit entre le jeune taureau et le buffle-père (Izerzer) qui alla vers les montagnes du Djurdjura près des rochers de Haïzer, y déposa sa semence dans une coupe ; de cette semence au contact du soleil, naquirent les animaux sauvages (à l’exception du lion qui provient des humains) qu’Izerzer nourrit et éleva. De l’union du jeune taureau avec sa mère (après qu’il eût chassé son père Izerzer) naquirent des taureaux et des vaches qui, contraints par le froid (neige) et la faim et se souvenant des conseils de la fourmi, allèrent d’eux-mêmes chez les humains, acceptant une vie confortable bien que plus courte que celle qu’ils auraient menée en liberté  

  • Eschatologie   

Un mythe, eschatologique, voisin de la mythologie musulmane, prédit la subversion de ce monde civilisé par cet envers du monde qui est le monde chtonien. Cette fin du monde serait précédée de signes tels que la généralisation des ténèbres, la confusion du ciel et de la terre, la mise en mouvement des montagnes, un déluge de sept jours et sept nuits. 

 Après quoi, le monde se retournera et un nain, sorte de tête à jambe, bras, œil et oreille uniques, sans tronc, une sorte de grylle envahira tout l’univers en se multipliant dans une pullulation effrénée, comparable à celle des puces ou des fourmis, semant le désordre, la sécheresse, l’incendie, et la stérilité. 

Ce dernier mythe emprunte, au dajaal de la mythologie musulmane, Antéchrist de l’islam qui devrait régner sur terre 40 jours avant d’être exécuté par le Mahdi ou par Jésus, avant le jugement dernier. Un tel exemple d’islamisation de la mythologie préislamique se rencontre encore dans nombre d’autres cas et la permanence des lieux de culte en Kabylie est manifeste partout la continuité du sacré.

Le Mythe et le sacré

Déjà cité plus haut, les africains du Nord, comme la plupart des peuples primitifs, avaient conscience d’une puissance répandue dans la nature, tout ce qui existe dans leur environnement peut avoir une identité spirituelle sacralisée, toujours présente mais invisible, représentée généralement par le génie.   

Cette sacralité peut se manifester, à tout moment, dans la nature, dans un animal, chez l’humain, ou un comme dans un phénomène inhabituel, comme les génies. La dimension du sacré est essentielle au mythe et en garantit la survie. 

Le sacré dans génie

L’universalité des croyances populaires en des forces invisibles dont la Nature entoure les hommes remonte au fond des âges, comme le laissent supposer les humbles vestiges de tout l’appareil prophylactique dont s’entouraient les hommes préhistoriques et qui en sont les seuls témoignages. En Afrique du Nord, on a découvert la plus ancienne expression d’un culte religieux, à El-Guettar, dans le sud tunisien, près de la frontière algérienne, sous la forme d’un amas de grosses boules de pierre déposée près d’une source qui remonte à la période Néolithique. Il s’agit probablement de la trace d’un culte rendu à un génie des eaux. Des croyances que l’on retrouve pendant l’antiquité. Elles vont perdurer et se maintenir jusqu’à nos jours ; malgré l’introduction successive des panthéons puniques et romains, les dii mauri, issus de ces croyances, sont très ancrés dans le sol africain et cohabitent avec les autres dieux antiques.  

En fait, pendant cette période antique les Nord Africains, comme presque tous les peuples dans l’Antiquité, avait peuplé leur monde d’une foule de génie ou de divinité secondaire que l’orthodoxie monothéisme ne pouvait pas balayer immédiatement. Les habitudes mentales résistent à de telles révolutions. Plutôt que de nier leur existence, on les transforma en démons et entités malfaisantes connus à l’époque romaine sous le nom de “genius”, avant de prendre le nom de “jinn”, pluriel “jnûns” avec l’avènement de l’islam, qui reconnaît formellement l’existence des génies et qu’ils peuvent avoir part au salut 

Les génies sont donc des divinités intermédiaires entre les hommes et les dieux, et dont le culte se trouve répandu chez tous les peuples, qui imaginèrent comme de concert ces êtres mystérieux. La désignation et la reconnaissance des jnûns ne sont jamais simples et encore moins évidentes. Cela tient au fait que le nom de génie recouvre des acceptions complexes, aux multiples facettes, parmi lesquelles il est malaisé d’identifier les origines de ces puissances occultes. Leur existence repose sur la transmission des idées, des croyances, de génération en génération, uniquement par la tradition orale, que les femmes contribuent largement à conserver et qui ont été adoptées et aménagées par le Coran. 

La croyance dans les jnûns est donc un vieux mythe qui accompagne l’homme amaziɣ depuis son existence. Ces êtres mythiques existent toujours et se perpétuent sous différentes formes, et différents noms. En thamaziɣt les termes pour désigner les génies sont légion. Pour de Foucauld, dans l’Ahaggar : alhin, alhînen  est le mauvais esprit, en Kabylie, le terme I‘e3ssassen désigne le “gardien”, ou « Teryel » (ogresse) mais aussi avec les mots arabes : ghūl (ogresse) et ‘ifrit (démon). Les jnûns peuvent se rendre invisibles et s’incarner dans la nature, dans le corps d’un être humain  ou d’un animal (voir la partie consacrée au sacré dans l’homme, la nature et l’animal)). Les jnûns mènent une vie parallèle à celle des hommes. Aussi, il faut bien souligner la dualité du sens de (génie) jinn chez les nord africains, bon et bienfaisant ou mauvais et malfaisant selon les cas, les lieux, les régions et les circonstances.  

Tour à tour, malfaisants ou bienveillants, les génies accompagnent l’homme dans sa vie au quotidien mais avec lesquels il faut toujours composer. Ils ont survécu à tous les âges, et continuent à exister, même si aujourd’hui la perception est sûrement différente, qu’elle émane des habitants des campagnes ou des habitants des villes, des gens instruits ou des illettrés, des religieux ou des laïcs.   

  • Génies bénéfiques : 

Chez les amaziɣs chaque construction, chaque maison, chaque quartier (Adrum), chaque village à son génie bienveillant, on le surnomme ‘e3ssas (le gardien). Dans la nature, ces gardiens (I‘e3ssassen) habitent des vieux ou grands arbres (creux de préférence), des sources, des rochers, des grottes ou parfois aussi des constructions isolées haouita ou mzara rustiques sanctuaires que les femmes édifient dans les campagnes, qui peuvent abriter ou non la tombe (mausolée) d’un Saint local.  Le jinn peut revêtir aussi une forme animale jouant le rôle de gardien, de protecteur : on compte parmi eux le chat, noir de préférence, la grenouille, le sanglier, le bélier, le jeune taureau, la jument blanche, la tortue cistude, et le serpent 

  • Génies maléfiques  

Les génies (jnûns) sont chez les Imazighens plutôt malfaisants. Les mauvais génies habitent les lieux de prédilection qui peuvent être les eaux stagnantes, le fumier, les endroits isolés, les maisons abandonnées. Ils guettent l’occasion de torturer les humains en prenant possession d’eux, la plupart du temps en groupe.  

La plupart de ces Génies sont redoutés car le monde terrestre est pour eux une sorte de terrain de chasse. Ils guettent les humains et les animaux car ils sont intéressés par leurs âmes. Ce sont, en somme, des chasseurs d’âmes. Si une âme vagabonde et s’égare, ils cherchent à s’en emparer pour en faire leur esclave, certains la mordent, la font souffrir, d’autres peuvent même la dévorer.  

Bon nombre d’autres animaux sont considérés comme de mauvais génies : comme les fourmis, le fennec et le hérisson.  

Offrandes aux génies 

Les humains vivant parmi ces génies mystérieux doivent les éviter quand ils sont malveillants ou se les concilier pour qu’ils deviennent bienfaisants. Il est indispensable, à tout moment, de composer avec eux par des offrandes aux génies domestiques, en prenant d’infinies précautions, en trouvant des artifices prophylactiques, en respectant les interdictions formelles, quelquefois en abdiquant devant eux ou en faisant appel à l’intervention du ṭaleb, du marabout et du sorcier, dans les cas les plus graves. Ou qu’il soit on ne manque pas de les saluer et de leur déposer des offrandes en maintes occasions surtout à la fin des récoltes. Parmi les offrandes et les rites qui les accompagne on peut citer :

  • Les fumigations qui plaisent aux jnûns parce que la fumée constitue leur essence même. Il peut s’agir d’encens noirs, de benjoin qui peuvent s’employer seuls ou se mêler à d’autres ingrédients parfumés. Les fumées dégageant d’agréables odeurs ont pour but de satisfaire les génies.  
  • Le sang, si apprécié des jnûns, est utilisé par exemple en Kabylie, après l’Achoura, pour en imprégner des plumes, qui servent à la fois d’offrandes et d’appât pour emmener tous les esprits avides de sang qui ainsi ne pourront nuire au village.
  • Les morceaux de tissus. Accrocher des morceaux de tissus ou d’un vêtement dans les arbres est un rite où vivent les génies, signifie laisser son mal. La coutume d’accrocher des morceaux de tissus dans les arbres se retrouve partout en Algérie et, dans l’Aurès, elle est attestée par l’Apologiste chrétien Arnobe*, africain qui vivait à la fin iiie siècle-début ive à Sicca Veneria, dans l’ouest de la Tunisie (aujourd’hui Le Kef). Ces nouets attachés aux branches d’un arbre le désignent comme séjour des génies et les donateurs peuvent s’en aller soulagés. Les « tisfifin », ces longues ceintures de laine des femmes, ne sont pas sans rappeler ces nouets et d’ailleurs ils jouent un rôle considérable dans les rites de protection de l’huile, contre la stérilité ou l’expulsion du mal. 
  • Après le septième jour de la naissance, dans le Sahara occidental, la femme familiarise les jnûn en leur présentant son enfant : elle se dirige vers tous les coins de la maison sans omettre une visite au four à pain et aux lieux d’aisance ; elle est précédée d’une fillette qui porte de l’encens allumé sur les braises du foyer* mêlé à du sel et de la rüe.  
  • C’est chaque matin que la femme kabyle vient saluer les gardiens de la maison, chaque matin en ouvrant sa porte. Des lampes à huile sont allumées dans la maison pour les fêtes.  
  • Dans les haouita, les mzara ou les mausolés, les femmes allument des bougies, font des serments qu’ils confirment, leur offre des galettes et des figues, se baignent dans leur source, nouent des ceintures ou des foulards aux bronches de leurs arbres, déposent, en ex-voto, des poteries miniatures confectionnée à leurs intentions, chantent ou dansent en des occasions diverses. 
  • Pour se préserver d’une grossesse, dans le Sahara occidental, la femme forme des boulettes avec son sang menstruel séché ; puis elle les dissimule sous la selle d’un chameau de bât afin que dans le désert, le sang menstruel soit dévoré par les jnûn.  

Chaque individu est censé avoir son « génie personnel (aṛuḥani) » cause des défectuosités de son caractère et de ses déficiences corporelles. Mais la principale attribution des djenouns est sans contredit de provoquer les maladies. Ils ont, si l’on peut dire, leurs spécialités. On a ainsi : « ajenniw », qui met hors de lui celui qu’il possède et le fait se livrer à des crises de colère irraisonnées ; 

Le sacré bienveillant dans l'homme

Comme déjà mentionné plus haut, tout au long de l’histoire des nord africains, les humains dressèrent des pierres de toute dimension pour en faire des lieux sacrés, volontiers obscurs, dans des endroits rocheux. Ils sont dédiés à un tel ou tel génie. Les premiers remontent au culte d’El-Guettar sous la forme d’un amas de grosses boules de pierre déposées près d’une source qui remonte à la période Néolithique. Les génies peuvent se rendre invisibles et s’incarner dans la nature, dans le corps d’un être humain ou d’un animal 

  • L’humain support du sacré :   

Les génies peuvent s’incarner dans le corps d’un être humain : vêtu, portant la barbe ou la moustache. On l’entend même parfois compter. Il se marie et peut avoir des enfants. Il est intelligent, a une âme et de ce fait peut différencier le bien du mal. Toutefois le génie lui-même, peut être bon ou mauvais, car si son savoir est différent de celui de l’homme, il a les mêmes qualités que lui : bienveillance, générosité, passion amoureuse mais aussi les mêmes défauts : méchanceté, jalousie, colère, haine. Les génies mènent une vie parallèle à celle des hommes. Les humains entretiennent des rapports particuliers avec eux. Ils sont des protecteurs et des bienfaiteurs si les offrandes et le respect qu’ils exigent leur ont été judicieusement prodigués. 

C’est avec l’avènement du Christianisme que le culte du génie fut remplacé par le culte des Martyrs et plus tard par le culte des saints marabouts que l’islam a sauvegardé surtout avec l’avènement du Soufisme. Malgré ce transfert du sacré du génie vers l’homme, le culte des génies n’a pas disparu des pratiques sociales au présent. Il continu d’exister sous différentes formes, d’autant plus que l’islam reconnait lui-même leur existence. 

Ainsi dans les campagnes pendant l’antiquité sont élevés de modestes sanctuaires construits à l’écart des habitations et marqué par des murettes de pierres (mzara, haouita) ou un cercle de pierres (kheloua), dans lesquels les femmes déposent des poteries votives, elles-mêmes héritières des microcéramiques protohistoriques, des brûle-parfums ou de simples bougies qu’on ne prend pas toujours le soin d’allumer, encore que le feu et la lumière jouent un rôle prépondérant dans ce culte, qui deviennent plus tard dans le moyen âge des zaouias, kouba ou mkam en honneur à un saint local, une pratique toujours existante. 

 Pour comprendre le culte de l’homme support du sacré et sa survivance dans le temps, il faut explorer la pensée des Imazighens, surtout la place des morts dans la vie des vivants.  

  • La sacralisation des morts :   

Un des éléments, des plus importants dans la pensée amaziɣe comme dans celle de la Méditerranée en générale, est l’importance du groupe ou du clan humain en ce monde et dans l’autre. Les morts et les vivants sont tellement mêlés dans la vie quotidienne, associés aux mêmes gestes et au mêmes rythmes, qu’il est difficile de dire si les morts sont encore liés à leur clan terrestre, ou si les vivants participent encore où déjà au plan des choses de l’invisible.   

Les rites de passage marquants les saisons de la vie de l’homme, les rites de sacrifices, comme les rites agraires, sont empreints d’un caractère funéraire venu de la volonté des vivants d’associer les morts au rythme de la vie terrestre. Le deuil pendant longtemps n’a pas été une manifestation de tristesse subjective mais une attitude rituelle (voir le rite d’Assenssi) prescrite pour que le groupe des vivants rejoint par la pensée ce que les nord africains appellent les gens de l’autre vie : « At Lakhart ».   

Les morts sont toujours enterrés au pâté des quartier des villages (adroum), devant la porte d’entrée d’une maison, dans la cour (afragh) ou dans le jardin proche, dans le but de garder un lien permanent avec le mort. Des mausolées ou des stèles sont construites pour perpétuer la mémoire d’un mort, si le défunt est important aux yeux de sa descendance. Les peuples amaziɣs portent une grande importance aux ancêtres dans leur organisation sociale et politique sous formes de familles étendus, clans ou tribus. 

Les hommes cramponnés à leurs terres, autour de l’ancêtre, souverain invisible, protecteur, gardien (I3essas) n’ont accepté les idées nouvelles que dans la mesure elles faisaient une place aux mêmes tombeaux. Saint Augustin s’exclamait : « notre Afrique n’était-elle pas toute semée des corps de Saint martyr » ? (Epist. LXXVIII, 269). Ainsi, Saint Augustin reconnait l’existence de ces tombeaux blancs, immuables, gardiens des cols, des sommets, des marchés, des villages, qui plus tard devaient devenir pour la même raison des saints reconnus de l’islam nord-africain. Les tombeaux ont traversé les siècles, les millénaires, malgré toutes les invasions, toutes les dominations, tous les empires, parce qu’ils sont les môles d’amarrage de la pensée, mère de toute une civilisation, de toute une pensée et de toutes les institutions qui en sont nées. Ceci contrairement à l’idée répandu que le culte des tombeaux est une innovation venue avec l’islam et le courant soufi.   

Donc, tout au long de l’histoire de l’Afrique du Nord, il y a un attachement considérable au culte des morts à travers le culte des saints, avatar supérieur de culte des ancêtres, qui s’est maintenu à travers le christianisme et l’islam. C’est à lui que l’on doit la multiplication des petits édifices, connus maintenant par les Zaouias, Lamkam ou Kouba.   

En Afrique du Nord, les zaouïas, زاوية et Tiɣmart (Tiɣmarts au pluriels) est le nom originel en Thamaziɣt. Il peut prendre d’autres appellations au gré de l’histoire et de l’espace : Marabout, ou Amravad en Thamaziɣt , Moulay (Maroc), Mausolée, Koubba (référence à la coupole), Wali, (wâlî), Lamqam (Algérie). Le mot est un terme polysémique, il peut désigner un lieu de culte, sous la forme d’un tombeau isolé, souvent établi pour rendre hommage à un saint, ou un homme pieux vénéré. Ce peut être aussi, un petit complexe de vie religieuse et sociale.  

Il est impossible d’étudier donc un seul des aspects de la vie des habitants nord-africains, sans se référer donc à ce monde des morts toujours présents dans leurs pensées, à ces croyances nouées autour des stèles, de pierre ou de bois, auxquelles les religions révélées qui se sont implantées çà et là, comme le judaïsme, puis le christianisme avant l’islam, ont dû, l’une après l’autre se soumettre. Les imaziɣens demandent aux morts, à leurs saints protecteurs la fécondité des champs, des étables et des maisons, parce que dans leur rôle dans l’harmonie de l’univers, les morts donnent la fécondité parce qu’ils la doivent aux vivants. Les vivants associent souvent les morts dans les différents rituels, ils sont leurs alliés dans l’organisation des rites : viande partagée, sacrifices dédiés et les repas pris dans les mausolées. Ainsi s’équilibrent dans la pensée méditerranéenne la vie et la mort nécessaire l’une à l’autre.  

Dans cette partie, nous nous intéressons au culte du saint, un article plus approfondi est consacré aux zaouias en général et les différents courants des confréries religieuses qui en découlent est disponible par ici.   

  • Le culte des ancêtres   

Le culte des ancêtres est une pratique commune à beaucoup de religions. Le culte des ancêtres étant intimement lié à la connaissance des générations précédentes. Cette pratique a des liens étroits avec la généalogie des peuples concernés. Les peuples amaziɣs accordent une importance aux ancêtres. Abandonné sous sa forme initiale, ce type de culte subsiste en Afrique du Nord sous formes de cultes des saints. Quasiment chaque tribu à son Saint protecteur révéré, souvent fondateur et éponyme de la tribu.  

Le culte de ces saints existe toujours, même si la religion islamique ne le reconnait pas officiellement, le décourage ou le relativise avec le soufisme, le proscrit et le combat même par les branches les plus rigoristes de l’islam comme les salafistes pour des raisons d’anthropolâtrie.   

Personnage sacralisé, le Saint peut jouer le rôle d’intercesseur entre le Dieu et l’humain. De la sacralité du chef de la tribu, on est passé à la sacralité du chef religieux, du martyre dans la chrétienté au marabout musulman  

  • Le culte du martyre   

L’église d’Afrique fut riche en martyrs. Les plus anciens que nous connaissons sont les martyrs scillitains, mis à mort en 180 sous le règne de Commode. Ils étaient originaires d’une petite ville de proconsulaire, Scilli, dont nous ignorons l’emplacement. Ils étaient douze, dont cinq femmes ; conduit à Carthage, ils eurent la tête tranchée. L’ardeur des imazighens et l’intransigeance étaient bien connue de ce peuple lorsqu’il s’agit des questions fondamentales ce qui explique le nombre élevé de martyrs de l’église d’Afrique du Nord et corrélativement la rigueur des magistrats Romains, soucieux de maintenir l’ordre dans des provinces difficiles. 

Le culte des martyrs fut très populaire et très répandu en Afrique du Nord, et les martyrs africains se recrutaient dans tous les rangs de la société. La pratique de la déposition des reliques de Saint vénérés étaient courantes, même dans les modestes basiliques, et dans les campagnes les plus reculées.  

  •  Amaravadh (marabout) :   

Le mot amazigh « amṛabeḍ » (pl. imṛubḍan, f. tamṛabett, pl. timṛubḍin), dans l’arabe dialectal « mṛabeṭ » et français « marabout » est polysémique et ses frontières sont confuses. En effet, le terme en usage amṛabeḍ, mrabet recouvre un champ de significations très vaste. Il peut qualifier un homme particulier, tout comme un lieu lié à cet homme (mausolée, tombe) considéré comme sacré. Un homme honnête, un non violent, un bienfaiteur peut être dit « amravad ». Il est aussi utilisé pour identifier les membres de la secte Mourabitoun (les Almoravides) qui a conquis et régné sur toute l’Afrique du Nord au 11 -ème siècle sous l’égide de Youcef Bnou Tachfin. C’est de-là d’où vient la confusion qui est faite surtout en Kabylie d’associer le culte d’un saint « Amravadh » pratique religieuse antéislamique à la dynastie des Mourabitoun (les Almoravides), d’où l’assimilation des membres des familles maraboutiques kabyles à des personnes étrangères, désignés comme étant des arabes en usant du mythe de chourafas, qui en soit, n’est qu’un artifice religieux pour se distinguer des autres pour des buts de domination sociale et de pouvoir.  

Les récits hagiographiques (sur les saints) locaux sont truffés de motifs mythologiques puisés dans la littérature orale qui a réussi à forger tant de légendes sur ces personnages devenus des saints, des héros religieux qui passaient pour des personnes à la limite de la puissance humaine. Plusieurs d’entre eux avaient une prédisposition à l’exercice de la magie. On leur attribuait des centaines de prodiges, on les fait briller et ils se firent, eux-mêmes, briller sur tous les fronts : guérisseurs, dompteurs de diables et de forces occultes, intercesseur ou médiateurs entre les hommes et Dieu, protéiformes, réalisateurs de miracles, font jaillir ou tarir des sources d’eau…  Certains d’entre eux ont même frôlé la puissance divine et ont pu ressusciter des morts. Nombreux sont donc les récits fabuleux truffés de références qui nous plongent dans un univers merveilleux de légendes surprenantes et parfois délirantes à la limite du croyable et du raisonnable.  

Chaque village, chaque ville en Algérie possède son saint marabout : Sidi Abderrahmane protège la Casbah d’Alger, Sidi Boumediene préserve Tlemcen, Sidi El-Houari est le saint patron d’Oran, tandis que Sidi Hmeïda protège Annaba et que Sidi Maâmmar, Djedi Menguelat ou Yemma Gouraya veillent sur la Kabylie.   

  •  Mythe du chérifisme   

Après la pénétration musulmane, les pratiques religieuses locales se sont adaptées à la nouvelle religion. Le culte des Saints, avec son avatar le culte du martyr qui existait déjà depuis des millénaires en Afrique du Nord, s’est muté pour s’adapter à la nouvelle donne. Pour gagner en légitimité religieuse et surtout politique, plusieurs personnes se sont données comme référence légitimante un mythe bien entretenu jusqu’à nos jours : celui de la noblesse de la descendance liée à la lignée du Prophète Mohamed. Ainsi, tous les hommes de pouvoir, les hommes de la religion et toutes les dynasties qui ont régné en Afrique du Nord (jusqu’à nos jours avec la famille régnante au Maroc) ont fait usage de cet artifice généalogique comme un ingrédient essentiel du pouvoir politique et religieux depuis plusieurs siècles.   

Comme en Afrique du Nord, il y a des lignées chérifiennes à peu près partout dans le monde musulman. Leur nombre, des millions, dépasse de très loin, mathématiquement parlant, l’ascendance potentielle de Mohamed même la plus prolixe possible (scientifiquement facile à prouver).   

  • Amaravadh (marabout) en Kabylie :   

Chaque tribu de Kabylie a son marabout, une famille ou tout un quartier ou village maraboutique. Dans les faits, il existe plusieurs types maraboutiques en Kabylie selon leurs passés. Il y a ceux qui tirent leur gloire de leur pouvoir naturel qui frappe l’imaginaire, de leur savoir religieux, d’actes positifs ayant par exemple un pouvoir de guérison et certains usent d’une généalogie fictive et une ascendance noble principalement chérifienne.  

Ainsi, certains individus parmi les plus habiles, profitant de la confusion, exploitant la crédulité et l’ignorance des masses, s’entourant d’un tas de mystères, s’imposèrent par leur étrangeté : derwiches, hurleurs, écrivains d’amulettes, prédicateurs, préparateurs de philtres, magiciens, etc …ou être plus instruits que les montagnards étant connaisseurs du Coran et avec une maîtrise du droit musulman.    

Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Une caste qui veut faire croire à la supériorité de sa lignée et pour préserver ses privilèges doit nécessairement s’attribuer une origine étrangère. Plusieurs origines pour les familles maraboutiques sont signalées ici et là en Kabylie. Les imrabdens de Kabylie ne sont pas venus de Targa Zeggaghen (Sakiet-el Hamra, Sahara Occidentale actuel) du Sud marocain, berceau de la dynastie d’El Mourabitoune”. Contrairement à beaucoup de légendes, en effet, c’est pour se rendre mystérieux, que beaucoup de kabyles se déclarent venir « du pays lointain de l’Ouest (afin que nul ne puisse contrôler leurs dires), de « Sakiet-el Hamra » en général pour se lier à la dynastie murâbitûn (les Almoravides).   

Aussi avec l’extension de l’islam et prenant conscience de tous les dividendes que l’on pouvait tirer de la nouvelle religion, de nouveaux prédicateurs sont apparus, ce sont des missionnaires kabyles « merabitines » chargés d’enseigner le Coran dans les villages ; qui viennent seuls d’autres des villages, ou des personnes même du village s’établissant souvent en dehors du village pour se consacrer aux prières, à l’isolement ou pour recevoir dans la discrétion absolue hommes et femmes à toute heure pour prodiguer Conseils, ou des guérisons. Souvent ils y demeurèrent, se créant un foyer familial et un noyau de disciples.  

Dans le village, le marabout est indispensable pour l’équilibre social. Il se contente du domaine du sacré tout en gardant une certaine neutralité dans les conflits. Il intervient dans la solution des conflits entre groupes familiaux, entre les individus et dans les cérémonies telles que le mariage, le décès et il procède à l’ouverture et à la clôture de l’assemblée du village par la citation de la fatiha. Au bout d’un certain temps, ils s’alliaient aux familles locales parmi les plus honorables. De ce fait, ils acquéraient la protection du clan, et bientôt suffisamment des biens pour s’imposer dans les affaires de la collectivité ; ils acquièrent le titre de « Amravadh » faisaient valoir leur propre noblesse pour déprécier celle des maîtres des lieux.   

Grâce à leur savoir, leur sagesse, leur simplicité, ils acquièrent une telle renommée qu’on venait de loin les consulter sur des litiges d’ordre religieux et qu’on leur envoyait leurs enfants s’initier aux sciences islamiques dans leur Zouioua généralement construite par la communauté des Khouan. 

Respectés de leur vivant, ils furent vénérés à leur mort ; leur tombe ou leur mausolée, entourés de légendes, devinrent un lieu de pèlerinage. Leurs descendants qui suivirent la même voie, ayant su conserver la « place » acquise, ils firent perpétuer dans la tradition locale. La chaîne initiatique devint héréditaire et des familles et des villages entiers héritent du titre dans le temps. Ils usent de la neutralité dans les luttes tribales pour garder les privilèges que le statut d’amravad leur confèrent, d’où la forte endogamie dans les villages et familles maraboutiques.  

Le mot « marabout » a fini par s’appliquer  » à la fois au saint vivant ou au saint enterré, au monument qui abrite sa tombe, aux successeurs du saint, aux objets, arbres, animaux plus ou moins sacrés, pratiquement à toutes les catégories du sacré ». On vient encore aujourd’hui en pèlerinage, on y manifeste sa foi par des offrandes et des bougies.

Le sacré dans les éléments naturels

Comme d’autres peuples, les amazighs sacralisent des lieux naturels : montagnes, arbres, bois, sources, rivières, lacs, grottes, astres… Ainsi, la mythologie amazighe comprend un ensemble de divinités aquatiques (Anzar), souterraines (teryel), montages (Atlas), et grottes (Barcax), Soleil (Ammon)… Ces déités sont associées aux forces et aux cycles de la nature…  

Accident topographique 

La plus sensible des manifestations du sacré, la plus répandue dans le monde est celle dont le souvenir est le mieux conservé, c’est ce que nous appellerons l’accident topographique, en premier lieu la montagne, ensuite la grotte, mais aussi le simple rocher. Il semble que les ces accidents de terrains aient été regardés par les amazighs, sinon comme des divinités, du moins comme le siège d’un être divin (les génies par exemple). 

  •  Montagnes :   

Les montagnes, les collines et les lieux élevés en général, ont traditionnellement été considérés comme des lieux propices à la manifestation du sacré. Aussi, les voit-on recevoir dans de nombreuses cultures une espèce de culte ou de vénération plus ou moins explicite. 

Est-ce la forme de la montagne qui attire la divinité ou bien son élévation qui, rapprochent l’homme du ciel, siège d’une divinité toute puissante, justifiant la vénération dont elle est entourée ? Ces deux attitudes, apparemment contradictoires puisque l’une serait chtonienne et l’autre ouranienne, peuvent, en fait, avoir contribué simultanément à la sacralisation de la montagne.  

De ces hauts lieux nous pouvons citer “Atlas”. Le majestueux massif montagneux de l’Atlas qui s’étale sur toute l’Afrique du Nord. Sa configuration a passionné aussi bien les amazighes que les Grecques de l’antiquité. Les deux parties partagent ainsi une part de ce mythe du Dieu Atlas.   

  
Aussi le mot Djurdjura serait venu de l’amazigh Jrjr signifiant « tas de pierre ». Terme qui renvoie à la première trace d’un culte amazigh de l’âge Neolothique.  

Aujourd’hui encore la montagne est le siège de croyances confuses. De nos jours encore, certaines montagnes excitent chez les Touaregs une crainte religieuse qu’ils ne peuvent surmonter ; mais ce n’est plus l’aspect redoutable de la montagne qui leur inspire la terreur, ce sont les génies qui l’habitent. Certains sont tellement hantés par les génies qu’ils sont pratiquement interdits aux hommes ; cette croyance est particulièrement forte chez les Touaregs Hoggar (gharet el djnouns), comme dans l’Aïr (mont Grboun).  

  • Grottes :   

Les grottes jouaient un rôle capital dans les différentes mythologies et en constituaient les plus anciens lieux de culte. L’enfoncement de la grotte au sein de la terre permet la communication avec les divinités chtoniennes et peut-être avec la divinité suprême.   Parmi les divinités connues et adorées sous les grottes par les anciens nord-africains nous ne connaissons qu’une seule, le Dieu Baccax dans le djebel Taya.   

  • Rochers :   

Rares sont les trous de rocher ou les poches de grottes qui ne soient transformées en modeste sanctuaires, dans lesquelles sont déposés des offrandes, des poteries, des lampes, des nouets, voir des galets ou des boulets, car le trou est fréquenté par le djinn ou 3assa (gardien) dont il est bon de s’assurer la bienveillance et à tout le moins la neutralité.   

L’eau   

L’eau a toujours été présente aux grandes étapes de l’humanité, quelles que soient les cultures et les croyances. C’est que l’eau est essentielle, primordiale.  

Dans un pays qui connaît un climat semi-aride, en dehors d’une mince frange de climat Méditerranée, le problème de l’eau a toujours gravement occupé les esprits des communautés agricoles et pastorales. Les amazighs multiplient ainsi les pratiques magiques pour obtenir la pluie. La plus connue et la plus répandue est la possession de la « fiancée de la pluie » (Tislit n’Anzar), simple cuiller de bois habillé de chiffon.  

À l’époque romaine, les divinités tutélaires des sources, Neptune et les nymphes, étaient particulièrement honorées. Les rivières, ou du moins les sources des rivières, étaient consacrées à une divinité particulière ; les inscriptions qui les mentionnent, les seules que nous possédions, nous font connaître le nom de la divinité désignée, probablement sous l’influence romaine, par le mot génie (Genius). C’est ainsi qu’au Sig, on a trouvé une dédicace au Génie du fleuve (Genio fluminis, C. I. L., VIII, 9749) ; à la source du Bou Merzoug, près de l’ancienne Sila, on a relevé une inscription mentionnant le Génie de l’Amsaga, ancien nom du fleuve  

Les astres  

A côté des montagnes, des rochers, des grottes et des rivières, les Berbères adoraient aussi les astres, et, en première ligne, le soleil. 

  • Le soleil :  

Le soleil occupe assurément une place importante dans les croyances et les rituels de nombreux peuples. Plusieurs raisons expliquent cette position privilégiée. En tant qu’un astre associé à la lumière et à la vie, le soleil était en opposition avec les ténèbres, la nuit et le monde souterrain qui étaient source de frayeurs multiples. L’observation de ses déplacements dans la voûte céleste était à l’origine de calendriers d’une précision étonnante. Point de repère pour les peuples nomades comme pour les peuples sédentaires, le soleil entretenait enfin un rapport avec de nombreux cultes de fécondité concernant les animaux et les végétaux. 

Son culte existait aussi chez les amazighes. Les Guanches de Palma vénéraient le soleil et lui donnaient le nom de Magec, et aussi celui d’Aman qui paraît avoir signifié « Seigneur » ; en touareg aoulimmiden, Amanai a le sens de « Dieu ». Aussi les Macrobes, ces Libyens adoraient le soleil couchant qui était figuré par Ammon (Amen) : on le représentait avec des cornes de bélier dans lesquelles résidait sa principale force, comme celle du soleil dans ses rayons 

  • La lune  

La lune est l’astre le plus visible dans notre ciel nocturne, qui rend la nuit moins sombre et nous fait voir le monde sous une autre lumière. La Lune a été vénérée depuis des temps immémoriaux. Source d’une multitude de mythes et de croyances, elle est associée à d’innombrables divinités, aussi elle était à l’origine de nombreux calendriers, le plus connus est celui des musulmans, toujours en vigueur.  

La lune était adorée de même par les Amazighes. Ceux-ci observaient exactement ses phases, surtout pour la nouvelle lune ou la pleine lune. Les Amazighes l’avaient assimilé à la déesse céleste de Dougga et de Carthage, celle-ci apportée, suivant la tradition par Didon, appelée par les Phéniciens Astro Arkhé.  

En amazigh, la lune et le dieu lunaire portent le même nom : Ayyur. Hérodote mentionne que les amazighes antiques vénéraient la lune et le soleil, auxquels ils offraient des sacrifices : « Les sacrifices des nomades se font de cette manière : ils commencent par couper l’oreille de la victime (cela leur tient lieu de prémices), et la jettent sur le faîte de leurs maisons ; cela fait, ils lui tordent le cou : ils n’en immolent qu’au Soleil et à la Lune. Tous les Libyens font des sacrifices à ces deux divinités ». D’autres auteurs attestent ce culte, ainsi que des graffitis, comme un « Solo Deo Invicto » relevé à Thagaste.  

  • Arc en ciel  

L’arc-en-ciel, peut-être à cause de sa beauté et de la difficulté de l’expliquer, semble avoir depuis longtemps fasciné l’Homme. 

Le nom de l’arc en ciel, chez amazighes, nous a conservé la trace d’un mythe. Si à l’Oued Rir’, on l’appelle abechchi et en harakta, abeggas (la ceinture), en kabylie, il se nomme thislith b ouanzar ; chez les Bot’ioua d’Arzeu, thisrith n ounzar ; chez les B. lznacen, thaslit nounzer, qui signifie « la fiancée de la Pluie », et chez les Beni Menacer, taslith n oujenna, « fiancée du ciel ». Dans un conte populaire de Ouargla, Amzar (= Anzar) est personnifié. L’arc-en-ciel est par conséquent regardé comme la fiancée de la pluie

Les animaux et le sacré

L’animal fait partie de la culture, de la pensée et de la spiritualité humaines depuis toujours, et ce sur tous les plans, que ce soit au quotidien, dans les légendes, les fables et les contes, les croyances, les symboles. Dans ces univers faits de représentations peuplées de mythes, de légendes, de signes et de symboles, l’animal occupe une place de choix en tant que forme esthétique dans les arts premiers, en tant que caractère typographique, mais aussi et surtout en tant que divinité à part entière. Avant l’apparition des monothéismes, bien des divinités étaient soit des animaux, soit des êtres hybrides animal-humain. Les animaux nous entourent et nous accompagnent de la naissance à la mort. 

Les Amazighs accordent une place importante aux animaux qui constituent depuis toujours, une source de revenus capitale. Ils fournissent une partie de l’alimentation – viande et surtout produits laitiers- ainsi qu’une foule de produits que l’on peut tirer de leurs laine, poils, cuirs et même ossements : vêtements, chaussures, couvertures, velum des tentes et ustensiles de cuisine, comme les coquilles d’œufs d’autruche, employées autrefois comme récipients, ou les cous de chameaux arrangés en vases.   

La question que l’on peut se poser :  Les Amazighs ont-ils pratiqué, à l’instar d’autres peuples anciens, comme leurs voisins Égyptiens, la zoolâtrie ou culte des animaux ? Les auteurs répondent par l’affirmative pour la période néolithique mais sont beaucoup nuancés pour la période antique. Certains auteurs comme M. Benabou (1976) soutiennent sans hésiter l’existence de la zoolâtrie chez les Berbères de l’antiquité, d’autres comme G. Camps la mettent en doute. 

En effet, les œuvres d’art préhistorique ne sont pas l’aboutissement d’actes gratuits. Même si, il est difficile d’expliquer les motivations profondes des hommes néolithiques du Sahara central, qui sculptaient dans la roche dure (dolérite, basalte, granite…) des figurines d’animaux, la plupart domestiques (bœufs, moutons), mais aussi des antilopes, nous devinons que ces œuvres devaient être le support matériel d’une certaine vénération, qu’elles aient été des idoles ou de simples offrandes. Ces œuvres avaient été précédées au Capsien, à El Mekta en particulier*, par de rares sculptures en roche tendre et à mi-chemin, en raison de leur petitesse, entre l’objet de parure et la sculpture en ronde bosse.  

Il est cependant des scènes et des motifs qui reviennent avec une telle insistance qu’ils ont certainement une valeur religieuse. L’exemple le plus précis est celui du bélier à sphéroïde . On nomme ainsi un ovin, qui n’est d’ailleurs pas toujours un mâle, paré avec soin. Sa tête est coiffée d’un bonnet sphérique en cuir, prolongé par des jugulaires qui se nouent sous le cou, des rameaux ou des plumes peuvent être piqués dans cette étrange coiffure qui fut confondue avec le disque solaire qui orne le bélier Amon-Râ en Égypte ; or ce dernier est plus récent de deux millénaires. Le bélier à sphéroïde porte souvent un lourd collier tressé qui, sur les gravures les plus précises, se prolonge sur l’échine par une sorte de « caparaçon » festonné. Il existe quelque 80 représentations de ce sujet dans l’Atlas saharien or, dans plus de 20 stations le bélier est accompagné d’un personnage en position d’orant. Cet orant précède le plus souvent l’animal, en lui tournant le dos. Il ne s’agit donc pas de l’adoration d’un dieu bélier mais plutôt d’une scène d’offrande. Le bélier est orné avant d’être sacrifié, il est magnifié et représenté le plus souvent d’une taille supérieure à l’orant. Une gravure célèbre de Guelmouz el Abiod représente même l’animal fendu en deux le long de l’échine, les intestins répandus en une longue spirale autour du corps.  

 

La Zoolatrie chez les anciens nord-africains, du moins pendant l’Antiquité, reste donc sujette à caution. Que des animaux, pour différentes raisons, ait eu des liens puissants avec le sacré et qu’ils aient joui de privilèges particuliers (singe, serpent, certains oiseaux), que d’autres, servent habituellement et préférentiellement d’offrande sacrificielle, et finalement bénéficié de la relation étroite qui s’établissent avec les dieux bélier, que d’autres, comme le taureau Dieu Gurzil où le lion pour le soleil ou Saturne étaient les simulacres vivants de la divinité, cela ne suffit pas à établir un culte des animaux.  

Il y a eu en Afrique du Nord, des animaux sacrés où à tout le moins vénère mais il n’y a pas eu de Dieu animal. Sinon, comme nous l’avons déjà vu dans la partie consacrée aux génies, ces derniers pouvaient se manifester dans l’animal en bien ou en mal.  

Parmi les animaux qui sont considérés comme des génies bénéfiques, on compte parmi eux le chat, noir de préférence, la grenouille, le sanglier, le bélier, le jeune taureau, la jument blanche qui donne forme au fils de la nuit (agg ahoḍ, kel ahoḍ) en galopant dans un lieu dont on tait volontairement le nom, en Ahaggar.  

La tortue cistude devient l’objet d’un véritable culte dans la source où elle vit.  

Le serpent (la couleuvre surtout) qui vit dans la maison est toléré et même nourri ; on se garde bien de le tuer car il est sacré et devient le protecteur du foyer, de la propriété qui l’entoure. Il est le génie des thermes, le gardien des grottes et des trésors enfouis. Cette croyance qui semble remonter aux périodes protohistorique, carthaginoise et romaine s’est perpétuée jusqu’à nos jours. Mais les serpents venimeux qui incarnent des esprits mauvais peuvent être tués. 

Selon Diodore de Sicile, les populations des confins de la Tunisie et de l’Algérie vénéraient les singes qui pouvaient aller et venir dans les maisons sans être inquiétés. 

Le lion et l’animal pour lequel les marques de vénération sont les plus nombreuses. Sa crinière flamboyante qui se prête à une stylisation rayonnante permit très tôt une assimilation facile avec le soleil, mais le lion avait d’autres significations. Il joue un rôle important dans la décoration sculptée de plusieurs monuments funéraires, association de Lion et Saturne sur les stèles dédiées au grand Dieu africain. 

Bon nombre d’autres animaux sont considérés comme de mauvais génies : il s’agit surtout des animaux souterrains, comme les fourmis : malheur à celui qui met le pied dans un fourmilière ; il pourra boiter fortement jusqu’à ce qu’il ait réparé ce préjudice par une offrande, car la fourmi est considérée comme une servante du jinn. Le fennec*, ce petit animal agile, rusé, très résistant est à la fois recherché et redouté : en effet, creusant un terrier comme le font le porc-épic et le hérisson, il est d’autant plus lié avec les jnûn, que, chassant durant la nuit, il peut devenir leurs rivaux.

Références bibliographiques

المراجع الببليوغرافية

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