La taqaât est réservée aux humains. Elle occupe, approximativement, les deux tiers de la surface agencée. Elle est surélevée, d’environ 40 centimètres, par rapport au troisième tiers, l’addaynin, réservé aux animaux. On accède directement à la taqqaât, depuis l’extérieur.
«C’est là que s’accomplissent les actes ou les événements essentiels de l’existence: naître et mourir, manger, dormir, procréer.» 4 Le sol a été surélevé par un apport de pierres et de graviers purifiés dans les torrents ou rivières puis tapissé d’argile souvent mélangée à de la bouse de vache et de la paille séchée pour éviter l’effritement. Ce mélange est damé, par les femmes, à l’aide de la tamadazt et entretenu chaque année. Le polissage est assuré avec un galet.
Le kanun, c’est le foyer, une cavité d’environ 15 cm de profondeur et de 20 cm de diamètre. Il peut se trouver au milieu de la pièce, mais on le trouve en général déporté vers le mur opposé au coin des animaux, l’addaynin.
Autour du kanun, sont disposés en triangle 3 pierres ou des supports de terre cuite pour y disposer les récipients destinés à la cuisson des aliments. Parfois, on trouve des trépieds en fer qui peuvent cependant être frappés d’interdits dans certaines familles, voire dans certains villages.
Akham, c’est la pièce maîtresse où se rassemblaient tous les membres de la famille, mais aussi, un lieu où un Kanoun était creusé au niveau de la partie supérieure, loin de la porte d’entrée.
Le Kanoun servait à chauffer la maison en hiver, mais aussi pour faire cuire la nourriture et faire sécher les habits lavés ou mouillés. Le Kanoun, c’était un trou circulaire de trente à quarante centimètres de diamètre et d’une profondeur de vingt à trente centimètres. Aux alentours immédiats du Kanoun, on plaçait trois morceaux de terre cuite appelés Iniyène en kabyle (Ini au singulier), sur lesquels on plaçait la marmite et autres récipients et ustensiles utilisés pour la cuisson de la nourriture.
Chez les familles aisées, on retrouvait un Kanoun dans chaque pièce y compris celles qui servaient de chambre à coucher.
On se chauffait avec du bois ; ce dernier était collecté durant l’été et l’automne et, au besoin, on complétait ces provisions en hiver. Nos ancêtres étaient plus prévoyants que nous ; ils s’y prenaient quatre à cinq mois avant que l’hiver ne s’y installe.
Il n’y avait pas de cheminée ou de conduit de fumée ; cette dernière sortait en s’élevant vers le toit de la maison, traversait le tapis d’osier et s’infiltrait à travers les tuiles. C’était là l’un des secrets de la maison kabyle ; le toit permettait à la fumée de sortir et empêchait le froid de pénétrer à l’intérieur.
Dans ce grand salon, les femmes travaillaient la laine, tissaient des tapis, des habits à base de laine tels que le Burnous porté par l’homme, de petits tapis appelés thikhallaline en kabyle (Thakhalalt au singulier) ; c’était un petit tapis que les femmes portaient pour se protéger du froid ou se couvrir de la pluie.
Dans cette grande pièce se trouvait aussi :
- Des jarres en terre cuite qui servaient à stocker du blé, de
l’orge, de la semoule, des fèves, des figues sèches, etc. Les grandes jarres étaient appelées Ikhoufane (Akhoufi au singulier) et les petites, thikhoufathine (Thakhoufith au singulier).
- Eddoukane, genre de placard sans porte qui servait de buffet pour ustensiles.
- Boukachache en bois sur lequel on accrochait les tamis.
- Assakkoun (corde en fil de fer), utilisé pour accrocher les oignons et l’ail afin de les conserver pour l’hiver. Cette corde était placée juste au dessus du Kanoun pour que l’oignon et l’ail se conservent longtemps et bien, jusqu’à la prochaine récolte.
- Igaguène (Iguig au singulier), morceaux de bois rigide d’une longueur d’environ soixante centimètres et de huit à dix centimètres de diamètre. Ces derniers étaient plantés dans les murs du salon pour accrocher divers objets, notamment Thagachoult (genre de sac fait avec de la peau de mouton et servant à faire du petit lait et du beurre, en la remplissant de lait caillé que l’on secouait pendant un certain temps). Thafkloujth était également utilisée dans pour produire du petit lait. C’est un genre de citrouille qui ne se mange pas ; la
coque, débarrassée de ce qu’elle contenait comme grains et autres matières, est séchée à l’ombre pour servir comme instrument d’extraction du petit lait et du beurre.
- Azatta, métier à tisser traditionnel.
- Adaynine, local mitoyen au salon, servait d’écurie pour la vache ou les chèvres ou les brebis possédées par la famille. Le salon et l’écurie possédait la même porte d’entrée et communiquaient entre eux. Le plancher du salon, appelé aghouns, était légèrement surélevé d’environ quarante à cinquante centimètres par rapport au local servant d’écurie. Aghouns était suffisamment lisse et recouvert avec de la terre mélangée à de la bouse de vache. Les murs du salon étaient également revêtus d’abord avec de la terre d’argile puis avec du plâtre leur donnant la couleur blanche qui noircie très vite sous l’effet de la fumée du Kanoun.
Pour accéder au salon, on passait par Idhavdhar qui n’est autre que la différence de niveau entre le plancher du salon et celui de l’écurie. Cette surélévation empêchait les rejets des animaux de remonter vers le plancher du salon.
A noter ici, que ce type de construction permettait de rationaliser le chauffage en hiver et de s’occuper de la vache, des chèvres et des brebis pendant la nuit. On leur donnait à manger et on les visitait
sans sortir dehors ; c’était une façon de se protéger du froid.
D’ailleurs, le mur qui séparait le salon de l’écurie comportait une
issue d’accès située immédiatement à l’entrée de la maison et à gauche, une autre issue un peu plus loin près du mur d’en face. Ces deux issues permettaient de donner à manger aux animaux et de faire bénéficier ces derniers du chauffage du kanoun et faire profiter les habitants de la maison de la chaleur dégagée par les animaux domestiques eux-mêmes.
Au dessus du local servant d’écurie, on retrouvait souvent un petit grenier (Thaarichth en kabyle). C’était là où l’on déposait certains produits de consommation tels que les grenades récoltées en automne, la viande séchée, etc.
La porte d’entrée principale possédait Amnar, un genre d’arrêtoir en pierre d’environ vingt centimètres de haut pour empêcher les eaux de rentrer à la maison en hiver.
Le salon possédait une autre petite porte du coté Nord Est dite Thawourth thamaziante ou Thakablith car elle permettait au vent frais d’été de rentrer dans le salon. Ce dernier avait aussi une petite fenêtre pour la lumière du jour et l’aération.
Chez les familles plus aisées, outre ces deux pièces, on pouvait trouver deux à trois autres chambres assez vastes, une petite pièce servant de cuisine, une salle d’eau et une pièce appelée askif, par laquelle on accédait à la cour centrale et aux autres chambres.
Askif, possédait une grande porte assez large, comportant deux ouvrants dont l’un d’entre eux était muni d’une petite porte. Askif comportait un passage d’environ un mètre et demi de large, d’un espace surélevé de près de soixante quinze centimètres par rapport au passage et d’un lieu où l’on pouvait déposer les petits fûts d’eaux faits en bois (Thivattiyine, Thavattith au singulier) ; c’était là aussi où l’on accrochait les outres d’eau (Iyadidhène, Ayadidh au singulier).
Sous les outres, on déposait des assiettes en terre cuite (Ichakfane, Achkouf au singulier). Une rigole était prévue pour permettre à l’eau de ruisseler et de sortir à l’extérieur de la maison).