Observatoire de la transformation sociale en Algérie

Etat de la société

Introduction

Indicateurs socio-économiques

Les indicateurs économiques et sociales, comme le niveau d’instruction, l’emploi, l’urbanisation, l’immigration et l’émigration … sont autant de variables qui influencent profondément l’évolution de la structure de la famille, définie comme la structure de base et le microcosme de la société. Les mutations qui s’opèrent au niveau de la famille algérienne finissent par bouleverser toute la société

 

Urbanisation

Le second facteur, favorisant l’érosion des structures sociale traditionnelles est constituée par le changement dans les modes d’habitat et les processus de décohabitation des générations et des fratries générées par l’exode rural et le développement de l’urbanisation. Le père et les enfants mâles en de moins en moins la possibilité d’occuper des demeures où là cohabitation est possible point les constructions répondant aux besoins des familles nucléaires sont devenues dominantes au fil des années. Les phénomènes migratoires internes et externes sont allés dans le même sens et ont renforcé le processus de décohabitation des générations, en éloignant spatialement les migrants du reste du groupe familial non migrant.

Le mode de vie désigne la façon dont les membres d’une société ou d’un groupe social occupent leur temps libre et dépensent leurs revenus. L’avènement des villes a donné naissance à un mode de vie spécifique, très différent de celui qui prévalait jusque là dans le monde rural. Vivre en ville, c’est s’affranchir d’un grand nombre de contingences ; le poids du collectif se distend, celui des traditions tend aussi à disparaître.
L’urbanisation est au cœur du changement social, elle accompagne la montée de l’individualisme. L’Individualisme est abordé dans son sens positif lorsqu’il permet à l’individu de disposer de son libre arbitre, de s’affranchir des traditions qui l’empêchaient d’être libre de ses choix. Il existe une vision plus pessimiste de l’individualisme quand il conduit l’individu à s’isoler de toutes formes de solidarités pour ne plus s’intéresser qu’à son propre devenir.
L’urbanisation s’impose aujourd’hui comme une caractéristique centrale de la modernité ; elle s’accompagne d’une forte montée de l’individualisme et d’une transformation des anciens réseaux de solidarité. Le défi actuel réside donc dans la façon dont les pays en développement vont aborder le tournant de l’urbanisation.

 

Urbanisation & L'essentiel

URBANISATION

L’urbanisation est un mouvement historique de transformation des formes de la société que l’on peut définir comme l’augmentation du nombre d’habitants en ville par rapport à l’ensemble de la population. 

POPULATION URBAINE 

Il s’agit du pourcentage de la population totale qui vit dans un milieu défini comme urbain. Les définitions peuvent varier. Le plus souvent, les organismes entendent par population urbaine: «toutes les personnes domiciliées dans les villes et les villages d’au moins 1000 habitants»  

FACTEURS D’URBANISATION 

De nombreux facteurs historiques, politiques et socioculturels peuvent expliquer l’urbanisation croissante. En Algérie, l’immigration interne et l’exode rural est le facteur principal d’urbanisation

L’urbanisation est au cœur du changement social. Le phénomène migratoire et l’accélération des mouvements du déplacement des territoires ruraux vers les zones urbaines ont de nombreuses répercussions sur la communauté familiale, au village d’origine ainsi qu’à la ville. L’urbain impose ses valeurs, ses rythmes et ses formes à l’ensemble des territoires.

L’urbanisation en Algérie est un phénomène fort ancien par ses racines : les Etats numides de la haute antiquité, le passage des romains, les Etat amazighs de l’âge classique et du moyen âge (Royaume de Tihert, les Dzirides, Muravides, Mouahidines….) ont tous construit des villes et ont eu une base citadine. Mais c’est en même temps un phénomène très récent par son ampleur.

Ainsi, à l’instar de la plupart des pays du monde, le phénomène urbain a pris en Algérie, au cours des dernières décennies,  une ampleur considérable  : c’est durant les années postindépendance qu’il  a pris cette allure d’explosion urbaine qui a bousculé les paysages, les mentalités et la société elle-même. Le taux d’urbanisation qui était de l’ordre de 13,9 % en 1886 est passé à 21,99% en 1936 pour atteindre 25.05% en 1954, il va s’accélérer après l’indépendance. 

Le taux d’urbanisation sur le territoire national selon les différents RGPH, 1966, 1977, 1987, 1998, 2008 est passé de 31,4%,  58,3%, 49,67 %, 40 % , 66%  pour atteindre 74,26% en 2021.

Taux de la population urbaine  

Sources d’urbanisation : 

L’accroissement de la population urbaine en Algérie s’est effectué en plusieurs phases dont la première 1954-1962 s’est caractérisée par la désertion des campagnes, durant la guerre de libération nationale, due à la politique de regroupement et à la création de zones interdites par  l’administration coloniale. La seconde phase, de 1962-1966, au lendemain de l’indépendance a entrainé une ruée extraordinaire de ruraux vers les villes désertées par les Européens. Cet accroissement s’est confirmé durant les décennies suivantes puisque  le taux d’urbanisation sur le territoire national selon les différents RGPH est passé de 31,4% en 1966 à 58,3% en 1998, il était de l’ordre de 66% en 2008. 

En effet, après l’indépendance du pays, la politique d’industrialisation,  la réforme agraire et les grands chantiers d’infrastructures (barrages hydrauliques, électrification, routes etc.) ont transformé le monde rural et a accéléré l’exode rural provoqué par la colonisation et la guerre de décolonisation. Les déplacements massifs de la population active vers les villes et a eu pour conséquence une élévation très forte du taux d’urbanisation et l’apparition de grands bidonvilles aux périphéries de ces villes. Des mesures urbanistiques ont été prises par les pouvoirs à différentes époques pour maîtriser ce désordre : c’est la création de grands ensembles et de Z.H.U.N. Avec des un habitat collectif généralement de type vertical, en préfabrication lourde qui constitue la majeure partie de ce nouveau parc de logements. Chaque grand ensemble est composé d’un nombre important d’immeubles de plusieurs étages, sans ascenseurs. Les espaces extérieurs rarement aménagés et valorisés, souffrent d’une absence d’infrastructures et de prise en charge, tant par l’Etat que par les habitants eux mêmes. Immenses espaces vides, ils sont souvent investis par les enfants, par des groupes de jeunes, transformés en terrain de jeu, ou en parking, ou encore en place de marché. 

Logement urbain / logement traditionnel

Les habitants des anciennes maisons traditionnelles ont pour la plupart été relogés dans les nouveaux quartiers. Le logement contemporain diffère de la maison traditionnelle: il comporte plusieurs pièces, chacune répondant à une fonction particulière; il est ouvert sur l’extérieur par l’intermédiaire de nombreuses fenêtres et de balcons, et surtout, il est individuel, coupant les habitants de leurs voisins avec qui ils n’ont plus les mêmes possibilités de communication. Ces nouvelles cités brassent des populations hétérogènes, d’origine diverse mais pour une grande partie défavorisées. Ces logements sont souvent occupés par plusieurs ménages apparentés, phénomène résultant de la crise du logement. Les parents marient leurs fils en les gardant chez eux, et reconstituent donc des familles élargies, dans ces logements conçus comme habitations individuelles. Les familles transposées dans ces nouvelles cités perdent leurs repères spatiaux et sociaux habituels qui sont: la polyvalence de l’espace de vie principal, l’introversion de la demeure et sa fermeture sur l’extérieur, la forte vie communautaire.

Les pratiques nouvelles imposées par le nouveau logement sont basées sur la spécialisation des espaces : à chaque espace est assignée une fonction et une pratique. Certains usages traditionnels ne sont pas prévus dans le logement moderne, comme la préparation de spécialités culinaires traditionnelles (la préparation du couscous ou de la galette par exemple). Le logement contemporain suppose aussi un réseau relationnel nouveau, à l’intérieur et à l’extérieur du logement. C’est là, un bouleversement total du mode d’habiter et même du mode de vie des habitants: les voisins ne peuvent plus entrer les uns chez les autres à n’importe quel moment de la journée, les portes sont fermées (et ce d’autant plus que l’insécurité est souvent importante dans ces quartiers) et chacun est condamné à rester chez lui. La dichotomie espace public/espace privé, maintes fois signalée à travers les espaces du dedans (dekhel) et ceux du dehors (barra) dans l’habitat des pays d’Afrique du Nord est reconduite dans les pratiques spatiales à l’échelle de la ville, non pas à l’identique mais par une hiérarchisation spatiale qui va du lieu accessible à tous à celui contrôlé et marqué par ceux qui y résident signifiant par là des niveaux différents de l’espace public. En milieu urbain, la modification des modèles familiaux traditionnels devrait entraîner une redistribution des rôles au sein des ménages et par conséquent, une redistribution de l’espace. De plus en plus de femmes exercent une activité en dehors de leur domicile et de plus en plus d’hommes s’occupent davantage de leurs enfants et même des tâches ménagères, donc passent davantage de temps à la maison.

L’avènement de « valeurs urbaines »

Le fait urbain est au cœur des mutations que vit l’Algérie. En quelques décennies, l’urbanisation a été massive, rapide, parfois brutale, bouleversant les modes de vie. Produit des transformations de la société et de ses structures sociales et économiques, elle est génératrice d’importantes mutations sociétales : les dynamiques en œuvre agissent au niveau de l’ordre spatial, de l’organisation sociale et des modes de vie.

Le mode de vie désigne la façon dont les membres d’une société ou d’un groupe social occupent leur temps libre et dépensent leurs revenus, c’est un ensemble de pratiques et ou de représentation propre à un groupe social alors que genre de vie est défini comme un ensemble d’activités habituelle qui permettent à un groupe humain d’assurer son existence en utilisant les ressources d’un milieu donné. 

L’avènement des villes a donné naissance à un mode de vie spécifique, très différent de celui qui prévalait jusque là dans le monde rural. Les travaux sociologiques menés ces dernières années montrent que l’urbanisation favorise les processus d’individualisation.  Vivre en ville, c’est s’affranchir d’un grand nombre de contingences ; le poids du collectif se distend, celui des traditions tend aussi à disparaître. Le poids des communautés traditionnelles (village, tribu, la famille, les confréries religieuses) devient moins pesant, la ville permet l’anonymat dans l’espace public et affranchit les individus de certaines contraintes sociales. Le milieu urbain stimule la différenciation des activités et les solidarités fondées sur l’interdépendance, il renforce tout à la fois la vitalité des échanges sociaux avec de nouveaux comportements et l’individualisation des personnes.

  • Individualisation 

L’urbanisation généralisée, la rurbanisation, le développement des mobilités à toutes les échelles d’espace et de temps, la prolifération des complexités aussi bien matérielles que virtuelles, l’individualisation, impose une révision de les cadres habituels ou des références d’analyse. Le mode de vie urbain, favorise l’émancipation de l’individu qui ressent moins fortement la pression du groupe familial et le poids des traditions et propose un large éventail d’opportunité économique et sociale. C’est ce qui explique en grande partie les formes mouvements de population vers les villes dans les périodes de crise du monde paysan et de transformation des modes de faire-valoir et des techniques agricoles. L’urbanisation est donc au cœur du changement social, elle accompagne la montée de l’individualisme. L’Individualisme est abordé dans son sens positif lorsqu’il permet à l’individu de disposer de son libre arbitre, de s’affranchir des traditions qui l’empêchaient d’être libre de ses choix. Il existe une vision plus pessimiste de l’individualisme quand il conduit l’individu à s’isoler de toutes formes de solidarités pour ne plus s’intéresser qu’à son propre devenir. 

  • Nouveaux comportements

Il s’ensuit que les centres urbains ont été et sont souvent les précurseurs de nouveaux comportements démographiques, la fécondité connait d’abord une baisse au milieu urbain et dont les couches sociales supérieur de la population. En concentrant les infrastructures économiques et sociales, les centres urbains favorisent non seulement la scolarisation des femmes, mais aussi la possibilité d’une espérance de vie scolaire plus longue et une plus grande possibilité d’accès au marché du travail. 

L’urbanisation s’impose aujourd’hui comme une caractéristique centrale du changement social en Algérie; elle s’accompagne d’une forte montée de l’individualisme et d’une transformation des anciens réseaux de solidarité. De nouvelles urbanités émergent adossées aux pratiques quotidiennes des différents groupes sociaux qui font et vivent les villes, redéfinissent le lien social et les modes d’habiter, les pratiques de consommation, de travail, de loisirs et les modes d’appropriation de l’espace public.

Le résultat de cette urbanisation extrêmement rapide, comparativement à l’évolution de l’urbanisation dans certaines autres régions du monde, et sans conteste le recul de la différence ville campagne où rural urbain. Les modes de vie ruraux et les comportements démographiques se rapprochent de ceux enregistrés en milieu urbain du fait de la densification des échanges et de la diversification des activités dans le monde rural mais aussi parce que le milieu urbain de fait de  l’aménagement des centres urbains, l’habitat spontané, précaire et illégal, les bidonvilles, beaucoup de quartiers ne disposent pas des infrastructures  qui caractérise la vie urbaine : le mobilier urbain, le transport public, espaces de loisirs, séparation des modes de circulation, espaces culturelles …ce qui accroits les difficultés de fournir aux nouvelles populations urbaines les services qu’elles en attendent d’où une baisse de la qualité des services et le développement des inégalités liées à la localisation résidentielle dans l’espace urbain

Traversées par leurs contradictions, agitées par leurs tensions, les villes algériennes sont à la recherche d’une cohérence et d’une structuration sous l’action conjointe et conflictuelle des politiques publiques et des différents acteurs sociaux.

 

Références bibliographiques

المراجع الببليوغرافية

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