La transition démographique est une théorie très utilisée en démographie. Ce processus décrit le « passage d’un régime ancien de quasi-« équilibre » haut (forte mortalité, forte fécondité) à un régime moderne de quasi-« équilibre » bas (faible mortalité, faible fécondité) » (Chesnais, 2010). Exposée de la sorte, cette théorie peut paraître simple et monolithique, mais ce n’est pas le cas. En réalité, cette théorie n’est pas le fruit de la réflexion d’un seul démographe, mais de plusieurs, depuis le début du XXe siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les travaux précurseurs et reconnus datent en effet des années 1930 (Carr-Saunders, 1936 ; Landry, 1929, 1934 ; Thompson, 1929), même si certains écrits d’Adolphe Landry sont antérieurs (Landry, 1909, 1924). Après guerre, des démographes américains formalisent la transition démographique (Blacker, 1947 ; Davis, 1945 ; Kirk, 1944, 1946, Notestein, 1945, 1953 ; Notestein et al., 1944 ; Thompson, 1946).
Au moment où ces théories s’élaborent, la transition démographique n’est observée que dans les pays européens. C’est la raison pour laquelle ces théories s’appuient à l’origine sur l’observation des évolutions historiques des pays occidentaux. En Europe de l’ouest, on observe des prémices de la Révolution industrielle : émancipation culturelle, renouveau scientifique de la Renaissance, réorganisation des États centralisés, les grandes découvertes, l’accumulation de richesses commerciales, l’essor agricole du XVIIIe siècle. Ces transformations économiques et sociales seraient à l’origine d’une autre transformation, la transition démographique (Vallin, 2004). Elles permettent des progrès significatifs contre la maladie et la mort, puis la maîtrise de la fécondité. De fait, la mortalité et la natalité diminuent, tout d’abord en Europe du nord-ouest (Angleterre, France, pays scandinaves, Pays-Bas), puis en Europe centrale (Allemagne, Autriche, Italie du nord), et enfin en Europe méditerranéenne et orientale.
Les premiers auteurs décrivant la transition démographique soulignent ce passage d’un régime démographique à fortes mortalité et natalité, à un régime démographique à faibles mortalité et natalité. C’est pourquoi cette théorie est avant tout descriptive de l’évolution de la dynamique démographique. Toutefois, certains fondateurs ajoutent une dimension explicative à cette dimension descriptive dès le milieu du XXe siècle. Ils développent une théorie explicative des diverses étapes du processus : pour quelle(s) raison(s) la mortalité diminue-t-elle et quel(s) sont les facteurs de baisse de la natalité ? Ainsi, parmi les démographes américains d’après-guerre, quelques-uns proposent parallèlement une théorie explicative du changement de dynamique démographique à partir du concept de modernisation (Giddens, 1994). Ainsi, la transition démographique devient une réponse au changement structurel de la société, notamment au changement économique.
La place 21 respectivement accordée à chacune des deux dimensions (descriptive et explicative) varie selon les auteurs. Certains ne s’intéressent qu’à la dimension descriptive, tandis que d’autres associent plus systématiquement les deux dimensions. Cette distinction permet de comprendre les nuances importantes que l’on peut observer aujourd’hui encore dans les diverses formalisations possibles de la transition démographique. Cette distinction entre théorie descriptive et théorie analytique permet en outre de mieux comprendre les critiques qui lui sont adressées à partir des années 1960, en France comme aux États-Unis. En effet, si les deux dimensions sont attaquées, c’est bien la dimension explicative qui concentrera les plus larges critiques.
Avant d’aller dans le détail de l’analyse de l’impact des changements des structures sociales, nous commençons par exposer l’état de la transition démographique algérienne et la structure de la population qui va mettre le cadre pour comprendre le contexte des transformations sociales
La transition démographique désigne le passage d’un régime traditionnel où la fécondité et la mortalité sont élevées et s’équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s’équilibrent également. La première phase de la transition démographique se caractérise par la baisse de la mortalité (notamment infantile). La deuxième phase de la transition démographique est caractérisé par un niveau de fécondité converger vers le seuil de renouvellement de la population (2.1 enfants par femme). La transition démographique s’achève avec la fin de la transition de la fécondité ; c’est-à-dire le moment où les couples prennent en main le nombre de leur descendance par l’usage de la contraception.
Taux de fécondité. Le taux de fécondité à un âge donné (ou pour une tranche d’âges) est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge. Par extension, le taux de fécondité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer (nombre moyen des femmes de 15 à 49 ans sur l’année). À la différence de l’indicateur conjoncturel de fécondité, son évolution dépend en partie de l’évolution de la structure par âge des femmes âgées de 15 à 49 ans.
Etat de la transition en Algérie :
Selon les différents chiffres recueillie au sujet de l’état la mortalité, la fécondité et la croissance de la population algérienne nous pouvons conclure que l’Algérie commence à rentrer dans la phase finale de la transition démographique, avec une mortalité faible et un début de fléchissement du taux de fécondité qui converge vers le seuil minimum de renouvellement de la population.
La mortalité a beaucoup reculé en Algérie. Dans les années 50, l’espérance de vie à la naissance, le nombre moyen d’années que pouvait espérer vivre un Algérien n’était que de l’ordre de 50 ans.
Aujourd’hui elle atteint 77 ans ou plus. La baisse de mortalité est un indice sur l’état général de la santé de la population mais il est aussi un facteur de sécularité d’un point de vue mental.
Au cours de l’année 2019, 1 034 000 naissances ont vu le jour, soit 4 000 naissances de moins qu’en 2018. La répartition des naissances par sexe traduite par le rapport de masculinité donne 104 garçons pour 100 filles. Cette baisse du volume des naissances vivantes a
affecté le taux brut de natalité qui est passé à 23,80‰ 2019.
L’indice conjoncturel de fécondité connait une stagnation à 3,0 enfants par femme.
L’âge moyen à l’accouchement a connu, quant à lui, un léger recul, estimé à deux dixièmes de point, il est à 31,4 ans.
Remarque :
L’Algérie a connu un phénomène très rare dans l’histoire démographique dans le monde. En effet, après une longue période de baisse de la fécondité, il y a eu un effet inverse une remontée du taux de la fécondité
Transition démographique et sécularisation
Quid de sa signification du point de vue mental ? Elle veut dire que le fatalisme recule. Avant la forte baisse, l’homme arabe se ressentait comme l’instrument du « qadar », du destin, car tout était écrit. Il était constamment sous la menace de la mort, par maladie, par accident etc. Avec une espérance de vie de 75 ans l’homme et la femme se sentent désormais immortels. Bien sûr, il ne s’agit que d’une perception car on sait tous qu’on va mourir un jour. Mais le fait que les maladies se soient éloignées, que la mortalité ait beaucoup baissé, donne des ailes. On sent qu’on a l’avenir pour soi, qu’on peut se lancer dans des projets à long terme. Aujourd’hui, l’individu qui prend sa retraite à 60-65 ans, ne se dit plus je vais rentrer à la maison, dormir et mourir. Il se dit « tiens, j’ai des petites épargnes je peux me lancer dans des projets d’investissement, créer ma petite entreprise et tout ce qui va avec ». Ce qui veut dire que la baisse de la mortalité a beaucoup dynamisé le moral des individus.