Alger centre
Le quartier Larbi Ben-M’Hidi, n’est pas d’un seul tenant. Il se compose d’une multitude de mondes hétéroclites, parfaitement distincts, ayant chacun ses flux, ses reflux, ses personnages, son atmosphère. Presque deux siècles ont façonné son caractère tout en y amassant magasins, hôtels, cafés, bars et restaurants. Il porte le nom de l’un des principaux dirigeants et fondateurs du FLN, Larbi Ben M’hidi qui fut arrêté le par les parachutistes; refusant de parler sous la torture, il est tué par un groupe de soldats français aux ordres du futur général Paul Aussaresses, dans la nuit du 3 au
La création du quartier est lié à l’histoire de l’extension de la ville, après l’occupation coloniale. Les premiers travaux d’aménagements sont dictés par la volonté d’adaptation aux besoins militaires d’abord, et ensuite pour répondre aux besoins d’accroissement de la population.
Le quartier se forme au sud de la ville, à l’emplacement de l’ancien faubourg Bab azzoun, là où, devant le marabout Sidi Mansour, au milieu des commerces en plein air et des artisans. Un plan manuscrit de 1839, rend compte des dispositions anciennes du faubourg, avec la caserne des Spahis, le cimetière Maure et ses palmiers, les fondouks, les marabouts et les mosquées. Le quartier contient aussi un grand nombre de bassins, de fontaine et d’aqueducs, dont l’un ordonne le tracé de la future rue principale du quartier.
Intégrée à la ville dans les années 1840, lors de la construction de l’enceinte française, le faubourg fait alors l’objet d’un plan d’ensemble dressé par l’architecte Auguste Giauchain. Les îlots se déploient le long des rues de l’Aqueduc (Larbi Ben M’Hidi), la rue de Tanger (Ahmed Chaib) et autour de la place d’Isly (Emir Abdelkader) sur laquelle la statue du général Bugeaud sera inaugurée le 15 août 1852 remplacé un siècle plus tard par celle de Abdelkader.
Rebaptisée rue d’Isly en 1844 en hommage à la campagne du Maroc, la rue de l’Aqueduc débute à la première boucle de la rampe Rovigo (Patrice Lumumba et Cherif Debbih), et ordonne le quartier avec ses 16 mètres de largeur, en fort contraste avec l’étroitesse des rues adjacentes (6 mètres pour la rue Tanger, ancienne rue des Moulins également rebaptisé en 1844, et 4 mètres pour celle du coq du carrefour)
De cette première période d’urbanisation ne subsiste que peu d’immeubles, ce qui explique le renouvellement architectural très important de la fin du siècle, mais aussi sans aucun doute la mauvaise qualité des premières constructions.
Depuis les années 1830, l’armée occupe de nombreux terrains du Faubourg et plus particulièrement ceux situés le long du littoral. Dans les années 1840, parallèlement à la construction de l’enceinte, elle envisage de nouvelles implantations, notamment celle de l’arsenal d’artillerie, projetant même l’obsrtuction de la rue d’Isly dans sa partie sud. L’arsenal est finalement construit sur l’esplanade de Bab El Oued et l’armée est contrainte de céder les terrains au sud de la nouvelle place aménagée devant le théâtre.
L’urbanisation gagne également les pans abruptes qui surplombe le quartier à l’ouest. La mise à l’étude en 1863 de nouvelles rues et de plusieurs escaliers, va favoriser, autour de quelques maisons déjà bâtie comme celle de Gandillot, dans la rue de Mogador, des constructions qui prennent un caractère spéculatif manifeste. Ainsi, entre la nouvelle place de la Lyre et la rompe Rovigo, un bel alignement de façade à trois travées (rue Patrice le Lummumba), avec grandes baies à persiennes, évoque les lotissements marseillais. Ces opérations spéculatives se poursuivent jusqu’à la fin du XIX siècle comme en témoignent les immeubles Lauro de la rue du Dupuch (Abdelaziz Mouzaoui) construit entre 1890 et 1894.
A la fin du siècle, la démolition de l’enceinte française et là densification des îlots du front de mer, place la partie basse du quartier d’Isly au centre de la ville agrandi. Les immeubles de rapport cossus renouvelle de manière ostentatoire le paysage urbain, elles répondent aux exigences de la bourgeoisie algéroises ; d’autre attestent de nouvelles pratiques urbaines, tels les anciens grands magasins, les galeries de France, au bon marché ou le Casino, comme en témoignent les anciens immeubles Durée et Bugay, il remplacent pour la plupart des constructions des années 1840 1850
Au cœur du quartier sur la place Emir-abdelkader, ne subsiste guère que des constructions antérieures comme l’ancien collège impérial arabo-français des années 1857-1860, (Assemblée Populaire Communale d’Alger Centre) et l’ancien Mont-de-piété (aujourd’hui mairie annexe). Le long de l’étroite rue de Tanger, des immeubles de rapport d’inspiration néoclassique témoignent de l’occupation de la fin des années 1840, d’autres, ouvert sur la rue Constantine (Abane-Ramdane) sont caractéristiques des opérations de renouvellement urbain de la fin des années 1920.
Adresses Notables du quartier :
- n° 6 Larbi Ben-M’Hidi : Immeuble de rapport (ancienne maison Ellul)
- n° 9 rue Larbi Ben-M’Hidi : école de musique (ancien Casino Musique hall)
- no 18 rueLarbi Ben-M’Hidi : Le bâtiment appelé L’Historial de l’architecte Larbi Marhoum devenue le Centre Culturel Larbi Ben M’hidi
- n° rue Larbi Ben-M’Hidi : Annexe du sénat (ex collège impérial arabe-français)
- n° Larbi Ben-M’Hidi : Place emir Abdelkader
- no 25 Larbi Ben-M’Hidi : Musée d’Art Moderne d’Alger, ex Galeries Algériennes.
- n° 37 rue Larbi Ben-M’Hidi : Immeuble de rapport (ancienne maison Bégey)
- n° 40, 42 Larbi Ben-M’Hidi : Immeuble de rapport (ancien Au Bon Marché)
- n° 51, 53 et 55 rue Larbi Ben-M’Hidi : Immeuble de rapport (ancienne maison d’Alcay)
- n° 50-52, 54-56, 64, rue Larbi Ben-M’Hidi : Immeuble de rapport
- n° 14: Hariched Ali, maison de rapport à cour
- n° 6, rue Colonel Haouas : immeuble de rapport
- n° 22-26, 28, 32, 34 rue Abdelaziz Mouzaoui immeubles d’habitations
- n°16 rue colonel Mohand Oulhadj : immeuble d’habitation
- rue Tanger


La rue Larbi Ben M'hidi
ex rue d'Isly
- La rue Larbi-Ben-M’Hidi (en arabe : ﺷﺍﺭﻉ ﺍﻟﻌﺮﺑﻲ ﺑﻦ ﻣﻬﻴﺩﻱ) est une des principales rues centre-ville d’Alger.
- Elle début par le place en face de la grande poste, elle s’élargissait en son milieu pour former la place de l’Émir-Abdelkader et finit au bout du croisement de la rompe de la rue Lubumba et le début de la rue de la Lyre.
- Très commerçante, très animée, avec des terrasses de plusieurs café, le plus amblématique et le Milk Bar.
- Une rue culturelle et artistique : une école de musique (ex musique hall) au N°9, la cinémathéque au N° 26, le Musée d’Art Moderne d’Alger (MAMA) au N° 25, le Centre Culturel Larbi Ben M’hidi au N° 18
- Abrite l’une des librairie les plus connues d’Alger, « le tiers monde » en plein place de l’Emir
- Des bâtiments publiques comme l’annexe du Sénat, la Mairie d’Alger centre

ancienne maison Ellul
La construction située au numéro 6 de l'ancienne rue d'Isly est représentative des immeubles bourgeois du quartier, caractérisé par un style éclectique au décor chargé : balustre, ferronnerie, console massive de la façade et du passage d'entrée, oriel couronné de fronton curviligne et décoré de cuir et guirlandes, appareil en faux joint creux. La porte d'entrée richement décoré ouvre sur un long couloir revêtu d'une mosaïque fleuri et desservant un escalier à galerie. Au pied de l'escalier, la mosaïque porte les initiales EF signifiant peut-être Ellul & fils.
Le commanditaire de ce bâtiment construit en 1910 par l'architecte Lesornel est très probablement Pascal Ellul dans les initiales sont portées par-là ferronnerie de la porte d'entrée. Fils de Guissep Joseph, élu à Malte est installée dans le quartier de la Marine comme aubergiste dans les années 1840, et a créé avec son père et son frère une entreprise de fabrication de bière et de boissons gazeuses. Située à l'origine au 36 de la rue Tanger, l'entreprise sera ensuite déplacée dans le quartier de l’Agha où l'activité sera développée par son fils et son neveu. Outre les immeubles qu'il possédait à Alger, notamment à l'angle des anciennes rue Denfert Rochereau et Aubert, la famille Ellul, était également propriétaire de ferme qu'elle exploitait à Fort de l'eau et à Reghaia. Très actif dans la société civile et la vie économique, Pascal Ellul était aussi vice-président du comité de commerçants du quartier d'Isly ainsi que le président du comité Franco-Anglo-Maltais. Il est décoré de l'ordre du mérite agricole en 1905, comme le saura son petit-fils dans les années 1930.
Place l'Émir
Place d'ISLY 1870
- Cette place porte le nom de l’Emir Abdelkader, ou l’Emir en langage populaire, en hommage à Abd el-Kader (1808-1883) considéré comme une grande figure politique, intellectuelle, spirituelle et réformateur de l’Algérie qui mèna une lutte contre l’invasion française de l’Algérie au milieu du xixe siècle.
- La place de l’Émir-Abdelkader a porté le nom de « place Bugeaud » avant l’indépendance.
- Thomas Robert Bugeaud de la Piconnerie, duc d’Isly, Maréchal de France, ancien gouverneur général de l’Algérie, fut nommé caporal à la bataille d’Austerlitz. C’est en l’honneur de cette victoire que la rue de l’Aqueduc devient la rue d’Isly en 1844.
Musée National d'Art Moderne et contemporain d’Alger
Ancienne Galerie de France
- Le musée public national d’Art moderne et contemporain d’Alger (MAMA), est un musée d’art moderne et contemporain inauguré en 2007 situé au cœur de la capitale Alger en Algérie. Sa mission consiste à faire connaître, promouvoir et conserver l’art contemporain algérien tout en assurant une présence de l’art contemporain international par des présentations de sa collection permanente et des expositions temporaires d’œuvres algériens et internationaux.
- Le Musée d’art moderne se trouve à Alger dans l’artère commerciale Rue Larbi Ben M’Hidi. Ce bâtiment néo-mauresque était à l’origine un grand magasin les Galeries de France construit en 1914 par l’architecte Henri Petit. Après l’indépendance, le magasin a été rebaptisé les Galeries algériennes. En 2006, le bâtiment est réhabilité par l’architecte algérien Halim Faidi pour en devenir un musée1. Il est classé monument historique en 2008.


N° 9 rue Larbi Ben-M’Hidi : école de musique
Ancien Casino Musique hall
En 1855, le gouvernement général avait projeté de construire une caserne de gendarmerie sur ce vaste terrain qui s’étendait de la rue d’Isly (Larbi Ben M’hidi) jusqu’ à la rue de Mogador (Hariched) à l’ouest. Le projet n’aboutit pas et il fut décidé de diviser le terrain en 2 parcelles qui seraient vendu à des particuliers. Une première salle de spectacle baptisé théâtre des nouveautés, dont on ne connaît pas la date de construction, s’installa du côté de la rue d’Isly.
En 1898, le théâtre fut remplacé par le Casino music-hall. Le nouveau propriétaire, monsieur Provost, remania de fond en comble la salle de spectacle pour la transformer en salle à l’italienne où l’on donne des représentations théâtrales et des operate, sur le modèle du Casino de Paris. Dans les années 1930, l’arrière de la parcelle était occupé par le cinéma Olympia dont l’accès se faisait par la rue latérale (anciennement de la rue poudrière). Cette salle a servi de décor à une scène du film délice Paloma de Nadir Moknèche (2007).
Une partie de l’ancien Music-hall accueille aujourd’hui une école de musique arabo andalouse.
L’immeuble de style néoclassique, se distingue par sa façade sur la rue Larbi Ben M’hidi pourvue sur toute sa longueur d’un balcon fermé pas des menuiseries en bois, une galerija, d’inspiration maltaise. L’architecte exploite ainsi au mieux le règlement de voirie de 1895 qui permet de fermer les balcons par des vitrage.
Centre Culturel Larbi Ben M'hidi - l'Historial
Situé au N° 18 de la rue Larbi Ben M’Hidi. D’une superficie de 1900 m² et s’étendant sur 6 étages, l’Historial prend place au cœur d’Alger et offre bibliothèques, médiathèques, orientations et salles d’expositions aux visiteurs. Ouvert aux chercheurs, universitaires, étudiants ou simples curieux et passionnés, l’espace met à disposition une bibliothèque virtuelle, des cafés, des clubs et des espaces de jeux d’échecs.
Un espace pour les cours de soutien sera également mis en place afin de vulgariser l’histoire aux enfants de la commune. La grande salle de conférence devra quant à elle accueillir des historiens et chercheurs venus du monde entier afin d’échanger lors de journées de rencontres et séminaires.
6, rue colonel Haouas
En 1901, l'architecte Darbeda, tout juste installé à Alger après avoir obtenu son diplôme des beaux-arts de Paris, conçoit cet immeuble pour le compte de M. Duret sur un terrain situé dans l'angle sud-est de l'ancienne place Bugeaud ou s’élevait précédemment une maison de deux étages.
La composition de l'immeuble, assez ordinaire, reflète peu la production future de l'architecte. Elle distingue cependant par la frise en fenêtre en terre cuite qui ornent son couronnement. Attribué au sculpteur orientaliste Lyon Fortier qui fut professeur à l'école des beaux-arts d’Alger, elle présente un des petits tenant les attributs de la peinture et de la musique. Un moulage figurant Apollon sur son char orné également d'un poste dans l'entrée sur la rue Haouas.
Rue Tanger
Ce long couloir étroit, parallèle à la rue Ben M’hidi, subjugue les passants. C’est le lieu du mouvement perpétuel. La rue attire quotidiennement des dizaines de milliers de visiteurs avec un pic important vers midi. Cette magie ne date pas d’hier. Déjà, en 1930, un arrêté préfectoral interdisait la circulation automobile et les charrettes de 10h à 12h30 et de 16h à 20h. Dans cette rue qui tombe en ruine, la vie persiste avec beaucoup de ténacité.
L’un des plus célèbres restaurants sélects de la rue Tanger est sans doute le Bosphore. Il a été durant des années l’annexe officieuse du quotidien El Moudjahid et Algérie Actualité pour avoir été fréquenté par une cohorte de journalistes. Nombreux ne sont plus de ce monde, tels que Halim Mokdad, Abdelaziz Hassani, Omar Boudia, Mansouri, Othmane Oudina, Tahar Djaout, Rabah Afredj, Omar Zeghnoun, Maloufi de la rotative, ou Saci Haddad le photographe.C’était le lieu de rencontres et d’échanges parfois bruyants. On y rencontrait des auteurs, des artistes ou les patrons de la médecine légale et de la psychiatrie. Ce petit patrimoine national, d’à-peine une trentaine de mètres carrés, a accueilli autrefois d’autres célébrités mondialement connues parmi lesquelles Jean Gabin et son metteur en scène Julien Duvivier. C’était en 1937 au cours du tournage de Pépé le Moko. Gabin était accompagné du musicologue Mohamed Iguerbouchène, auteur de la musique du film qui avait pour décor La Casbah. Avant sa disparition en 1965, il habitait au 3, rue Blanchard, actuellement Seddik Ben Abdelaziz, perpendiculaire à la rue Tanger.
Parmi les grandes célébrités venues au Bosphore, on citera maître Vergès, le boxeur Cherif Hamia, Larbi Benbarek, Kermali et de nombreux joueurs de l’équipe historique du FLN, Roger Hanin et Albert Camus, Issiakhem. Kateb Yacine se réfugiait le plus souvent au Coco Bar, ainsi nommé pour la tendance gauche de ses clients.La rue Tanger était l’un des endroits préférés du célèbre sculpteur algérois, Paul Belmondo, décédé à Paris en 1982, père de l’acteur populaire Jean Paul Belmondo. Plusieurs œuvres de Paul Belmondo trônent au Musée national des beaux-arts. Les artistes de la belle époque se retrouvaient souvent au bistrot de Mme Laure Fass au 13, rue Tanger.
Au n°14, c’était l’adresse d’une pension complète à «160 francs par mois, vin compris».Le plus mystérieux, un établissement de cette rue bruyante et charmante était sans doute cette maison située au n°9 consacrée, dans les années 1920, à l’empaillage d’animaux et la vente de plumes d’autruches. L’obscurité et les odeurs de putréfaction des animaux donnaient à cette maison un aspect moins attirant. Deux ans après avoir marché sur la Lune, Buzz Aldrin a marché sur la rue Tanger en compagnie de Cherif Guellal, du MALG. C’était en 1970. Le cosmonaute américain, en visite en Algérie, avait été reçu en audience par le président Houari Boumediène en vue d’une intervention de l’Algérie auprès des Vietnamiens pour la libération de pilotes de B52.
De nombreux immeubles se sont écroulés ces dernières années par manque d’entretien. L’effondrement survenu en 2007 au n°11 a fait deux morts et 3 blessés graves. Juste en face, l’ancienne Maison Reine des années 1920 menace de s’affaisser à tout moment. C’est une redoutable catastrophe qui s’annonce. Ainsi, la rue Tanger fascine un peu moins de nos jours en raison du vieillissement prématuré d’un capital immobilier victime de mauvaise gestion. Il n’y a pas d’association de commerçants. Au problème de plomberie qui fait fissurer les murs, s’ajoute l’éclatement des égouts qui coulent à ciel ouvert. Le délai d’enlèvement des épaves peut dépasser largement 8 ans. Les ruelles perpendiculaires sont d’une saleté repoussante, les rats pullulent comme à l’époque de la peste, et les odeurs priment.Ce décor est planté au cœur de la capitale, à proximité de l’APC, du Sénat, de l’Assemblée nationale, du ministère de l’Intérieur, etc.
Rue Tanger

Rue Tanger

Rue Tanger

Références bibliographiques
المراجع الببليوغرافية
- Alger, ville et architecture. Barzakh (2016)
- Sources : l’histoire fascinante de l’emblématique rue Tanger a Alger. Le Maghreb, le 13 juin 2020
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