Marxisme
Le marxisme est apparu dans la deuxième moitié du XIXe siècle, avec les contributions de Karl Marx et Friedrich Engels. Le marxisme est un courant à la fois philosophique, politique, économique et sociologique.
Le marxisme comprends trois éléments:
- Philosophie marxiste (matérialiste et dialectique)
- Le socialisme scientifique (comment transformer le monde)
- Économie marxiste (capitalisme et le vol de la plue value)
La théorie marxiste repose sur une analyse « matérialiste » de l’évolution de l’histoire. Ce ne sont pas les idées qui sont prédominantes, mais les conditions matérielles et l’évolution des modes de production. Autrement dit, c’est « l’infrastructure » économique, c’est-à-dire la base économique de la société qui explique son évolution et non sa « superstructure » idéologique, juridique et politique.
Le marxisme peut être présenté comme « la synthèse de la pensée allemande, de la pensée française et de la pensée anglaise » (Kautsky 1907). Sur le mode de la « triarchie européenne » (Hess 1841), trois nations représentaient au XIXe siècle la civilisation moderne, elles sont associées à trois champs du savoir : la philosophie allemande (Hegel, Feuerbach…) était dialectique et idéaliste, l’économie politique britannique (Smith, Ricardo…) offrait une analyse du capitalisme, le socialisme français (Saint-Simon, Fourier…)
C’est ainsi que Marx a successivement construit une méthode à partir du mode dialectique d’analyse, en Allemagne avant son premier exil en 1843, élaboré une perspective avec les idées socialistes en France où il vécut de 1843 à 1845 et analysé le capitalisme à partir de l’économie politique classique en Angleterre où il résida de 1849 à sa mort en 1883 .
1. Philosophie marxiste
Philosophiquement, le marxisme s’inspire du matérialisme en réaction aux philosophies idéalistes de la philosophie classique de l’économie politique ainsi que du socialisme utopique. Il est fondé sur une conception matérialiste de l’Histoire ainsi que sur la méthode dialectique, l’ensemble constituant le matérialisme dialectique.
Les philosophes qui ont influencé Marx:
Sont, rares sont les penseurs significatifs qui n’ont pas été étudiés par Marx et n’ont pas nourri sa pensée à un certain degré (Aristote, Bastiat, Bentham, Darwin, Hobbes, Hume, Kant, Locke, Mill, Platon, Rousseau, Sismondi…).
On prends quelques exemples:
- Hegel: Hegel est un idéaliste qui met au point le système de la dialectique.
- Feuerbach: met en place le système du matérialisme athé.
Marx va reprendre des deux auteurs ce qu’il considère comme vrai et rejette ce qu’il considère comme faux, pour lui les deux auteurs se complète. Il va retenir de Hegel la dialectique et rejeter son idéalisme. De Feuerbach, il va retenir l’idée du matérialisme athé et lui injecte la notion de dialectique reprise chez Hegel, car pour Marx, Feuerbach a une idée très statique du matérialisme. Pour Marx ce ne sont pas les idées qui produisent des idées (rejet de l’idéalisme de Hegel), mais c’est une situation matériel qui donne lieu à une nouvelle situation matérielle qui diffère de la situation de départ (matérialisme de Feuerbach).
C’est parce que le capitalisme était au dix-neuvième siècle moins développé en Allemagne qu’en France et surtout qu’en Angleterre que la bourgeoisie allemande avait peu de pouvoir et s’est surtout tournée vers la pensée pure et l’art. La figure philosophique dominante était alors Georg W.F. Hegel et c’est en s’appuyant sur sa dialectique que Marx a envisagé de construire une méthode critique et révolutionnaire. « Apprendre et connaître le dialectique est de la plus haute importance. Il est en général le principe de tout mouvement, de toute vie et de toute manifestation active dans l’effectivité. De même, le dialectique est aussi l’âme de toute connaissance vraiment scientifique » (Hegel 1817).
Pour Hegel comme pour Marx, le progrès suit un processus dialectique, au sens où l’état donné d’un système contient et présuppose les états ultérieurs. Le système hégélien est envisagé par Marx et Engels comme mettant fin à la philosophie classique, en construisant un système qui comprend toutes les philosophies antérieures. « Cette philosophie allemande moderne a trouvé sa conclusion dans le système de Hegel, dans lequel, pour la première fois – et c’est son grand mérite – le monde entier de la nature, de l’histoire et de l’esprit était représenté comme un processus, c’est-à-dire comme étant engagé dans un mouvement, un changement, une transformation et une évolution constants, et où l’on tentait de démontrer l’enchaînement interne de ce mouvement et de cette évolution. (Engels 1891).
À la thèse du communisme primitif originel succède l’antithèse de la propriété privée des moyens de production, dont découlent la lutte des classes et toute l’histoire de l’économie et des sociétés. Cette antithèse fera finalement place à la synthèse d’une société sans classes, qui formera le nouveau communisme, défini par le développement sans limites internes des forces productives, le dépassement des classes sociales, et l’organisation rationnelle des rapports de production correspondant au niveau atteint par les forces productrices. La connaissance rationnelle, en dominant l’ensemble du processus, permet de résoudre enfin les contradictions sociales.
Marx conserve donc un rapport dialectique à Hegel, en débarrassant la dialectique de l’idéalisme, incapable de rendre compte de la réalité concrète d’une manière concrète.
Le matérialisme dialectique est la philosophie marxiste. Elle s’oppose à la fois à l’idéalisme –qui voit dans le monde réel le produit des idées – et au dogmatisme (ou mécanisme), qui est incapable de saisir le caractère mouvant et contradictoire des processus à l’œuvre dans la pensée, la nature et l’histoire.
La philosophie marxiste s’enracine donc à la fois dans le matérialisme philosophique du XVIIIe siècle et dans la philosophie de Hegel qui, malgré son idéalisme, représente un sommet de la pensée dialectique. Le matérialisme dialectique pose les bases méthodologiques d’une analyse scientifique du monde ; il est donc indispensable à notre lutte pour le transformer.
La conception marxiste de l’histoire – connue sous le nom de matérialisme historique – est l’application du matérialisme dialectique à l’histoire de l’humanité. L’étude des sociétés humaines et de leur évolution repose alors – et pour la première fois – sur des bases scientifiques.
Le matérialisme dialectique est la philosophie marxiste. Elle s’oppose à la fois à l’idéalisme –qui voit dans le monde réel le produit des idées – et au dogmatisme (ou mécanisme), qui est incapable de saisir le caractère mouvant et contradictoire des processus à l’œuvre dans la pensée, la nature et l’histoire.
La philosophie marxiste s’enracine donc à la fois dans le matérialisme philosophique du XVIIIe siècle et dans la philosophie de Hegel qui, malgré son idéalisme, représente un sommet de la pensée dialectique. Le matérialisme dialectique pose les bases méthodologiques d’une analyse scientifique du monde ; il est donc indispensable à notre lutte pour le transformer.
La conception marxiste de l’histoire – connue sous le nom de matérialisme historique – est l’application du matérialisme dialectique à l’histoire de l’humanité. L’étude des sociétés humaines et de leur évolution repose alors – et pour la première fois – sur des bases scientifiques.
Le philosophie idéaliste considère que l’esprit peut exister sans la matière, comme le Dieu. Pour lui le Dieu existe et influence le monde. Donc, étudier le monde d’une manière scientifique n’est pas pertinent car il existerait toujours des choses inexplicable, comme les miracles.
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2. Socialisme utopique
Pour Marx, dans la mesure où on ne peut se contenter d’interpréter le monde, et où il est question de le transformer, la philosophie ne peut suffire en tant qu’outil d’émancipation. C’est la raison pour laquelle la construction d’une perspective s’avère une tâche nécessaire, d’où le développement d’un lien avec le socialisme.
C’est en particulier sur les notions de travail, de progrès, de classes développées par Saint-Simon, sur celles de salariat, d’association des travailleurs formulées par Fourier que Marx s’appuya pour construire sa théorie politique en complément à son contenu philosophique, notamment en formulant la proposition que ce n’est pas la loi ni l’État qui forment la société, mais au contraire c’est la société, née du processus économique, qui construit la loi et l’État selon ses besoins. Dans les premières décennies du XIXe siècle, ces auteurs ont convoqué toutes les disciplines — économie, sciences, philosophie, sociologie encore balbutiante — pour dessiner une société harmonieuse d’où la violence serait bannie et où le progrès ne se développerait pas aux dépens des travailleurs. Ils sont alors apparus comme l’incarnation la plus aboutie des principes fondés par les philosophes des Lumières au XVIIIe siècle, à une période historique où la bourgeoisie naissante se présentait comme candidat à la domination sociale face à la noblesse
Alors que la pensée socialiste utopique permit à Marx de construire un projet, c’est à l’étude de l’économie classique qu’il doit des outils pour analyser la capitalisme, à partir duquel ce projet pourrait être réalisé.
- Tout se tient dans l’univers (cohérence universelle dans l’univers, la notion de système)
- Tout se transforme, tout bouge (la matière, la réalité) tout a une histoire
- Au delà d’un certain seuil, tout phénomène sur le plan quantitatif connaît une transformation sur le plan qualitatif
- La réalité se transforme en son contraire qui donne naissance à une nouvelle réalité contraire aux deux première
Marx remarque que dans la nature il n y a que de la matière, c’est des phénomènes physico- chimiques qui organisent l’univers. Pour Marx l’être humain apporte quelque chose de nouveau, qui est le travail. L’être humain grâce à son travail, transforme la réalité.
La dialectique matérialiste comme système d’analyse de l’histoire.
La conception matérialiste de l’histoire, est une méthode d’analyse de l’histoire, dans une perspective matérialiste. Elle induit l’idée, que les événements historiques sont influencés par les rapports sociaux, en particulier les rapports entre classes sociales, donc par la situation réellement vécue par les êtres humains. Cette conception accorde une part essentielle à l’économie dans les transformations du monde. Avec l’analyse dialectique on arrive à la conclusion
À la lumière du matérialisme historique, des auteurs marxistes ont divisé l’histoire humaine en cinq grandes phases, correspondant chacune à une certaine étape du développement des forces productives et des rapports de production. Pour Marx, toute société dans l’humanité passent par plusieurs stades. Le passage du stade animal au stade humain, il y a plusieurs étapes qui suivent:
- Stade de développement esclavagiste : être humains, sont la propriété d’un maître.
- Stade féodal : des humains travaillent pour un seigneur (ils sont rattachés à lui)
- Stade capitaliste : les êtres humains vendent leur forces de travail à des patrons, qui eux disposent des moyens de productions.
- Stade communiste: tous les moyens de production appartiennent aux producteurs (l’Etat n’existe pas).
Dans la préhistoire, considérée comme la période du communisme primitif, le travail se fait en commun, ce qui conduit à la propriété commune des moyens de production et des fruits de la production. Il n’y a donc pas de classes sociales.
L’apparition du mode patriarcal de production fait cependant bientôt apparaître une forme déterminée de production (propriété de la famille, au sens très large) et une différenciation de fonction et de classes (domination des hommes, autorité du patriarche ou du père de famille…).
Le progrès technique (agriculture et élevage, métallurgie et céramique, commerce, division du travail) permet l’accumulation de richesse aux mains de certaines personnes et donc l’apparition d’une classe sociale de propriétaires. Ceux-ci deviennent propriétaires de la principale force de production, les hommes, sous la forme de l’esclavage. C’est l’antiquité, ou « régime de l’esclavage », sous laquelle se forme une classe de maîtres.
Le progrès technique exige plus d’intelligence et de motivation de la part du travailleur, ce qui conduit le nouveau propriétaire, le seigneur féodal, à lui accorder plus d’autonomie en transformant son statut d’esclave en celui de serf. Le christianisme, qui a milité en ce sens au haut Moyen Âge, n’est qu’un des éléments de la superstructure de la société au service de la classe dominante. C’est le Moyen Âge, ou « régime féodal » : sous l’économie féodale, une classe militaire (guerrière) exploite une masse de producteurs isolés et attachés au sol24.
Le progrès technique (machines agricoles et industrielles) exige ensuite des travailleurs à la fois cultivés et libres pour comprendre et piloter efficacement les machines. Les révolutions bourgeoises libérales (telle la Révolution française de 1789) vont accomplir cette libération juridique (formelle). Les propriétaires vont abandonner la propriété sur les hommes pour conserver celle sur les forces productives : les machines. Par conséquent, le lien de subordination économique des travailleurs demeure. C’est le « régime capitaliste ». Il s’agit là d’un schéma très général, sachant que l’ordre de succession ne s’est déroulé que théoriquement, et dans les meilleures conditions historiques, à savoir en Europe occidentale2
L’idée fondamentale de Marx est que « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. »
Forces productive est la combinaison de la force de travail de l’être humain et des moyens de productions qui sont utilisés par l’être humain. Les forces productives regroupent les prolétaires (les travailleurs, le travail direct) et le capital (la machine, l’outil, le travail indirect, le capital constitue les forces productives matérielles).
Les rapports de productions sont les rapports sociaux qui s’établissent à l’intérieur des rapports de production. Dans la société humaine les individus entrent dans des rapports déterminés, qui sont des rapports sociaux, dont ils ne peuvent se séparer et dont dépend leur existence : ces rapports ne sont pas créés par leur conscience, mais constituent l’être social de chaque individu (« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience », selon Marx), l’homme est le produit de son milieu.
Les hommes produisent leur vie, dépassant par là le stade de la vie animale (naturelle) sans pour autant pouvoir s’affranchir totalement de leur rapport à la nature : les rapports fondamentaux de toute société sont donc les rapports de production, qui constituent sa structure essentielle. Les rapports de production sont constitués de trois facteurs ou éléments : les conditions naturelles, les techniques, et enfin l’organisation et la division du travail social (salariat, esclavage, servage…).
Les rapports de production ont tendance à la conservation tandis que les forces productives matérielles sont en constante évolution du fait du progrès technique. Les rapports de production deviennent ainsi un frein à l’Histoire et doivent être modifiés afin de permettre sa bonne marche. Un bouleversement de ces rapports de production peut signifier la domination officieuse d’abord d’une nouvelle classe (la classe bourgeoise contrôle de facto la vie économique des différents pays européens dès le xviie siècle), pour ensuite se traduire par une domination officielle et politique de cette nouvelle classe. La révolution française est considérée comme une révolution bourgeoise par Marx, parce qu’elle renverse la féodalité et la domination de l’aristocratie et préfigure la domination de la classe bourgeoise et l’avènement de l’âge du salariat.
Marx distingue entre l’infrastructure et la superstructure par apports aux produits
La société est donc comparable à un édifice dont l’infrastructure, ou le soubassement, est représenté par les forces économiques, l’activité de production et tout ce qui gravite autour ; tandis que la superstructure (soit l’édifice lui-même) correspond aux idées, aux mœurs, aux institutions politiques, religieuses, etc19. Aux superstructures politiques et juridiques correspondent des états déterminés de la conscience individuelle20. En somme la superstructure est l’ensemble des idées et des institutions qui viennent justifier l’infrastructure. C’est une culture de classe qui est transmise au peuple et qui permet de pérenniser les formes de l’activité de production, d’asseoir la domination de la classe en question et de justifier l’ordre des choses. Antonio Gramsci consacrera plus tard une grande partie de son travail à l’analyse de cette superstructure.
L’infrastructure sont les forces productives qui agissent sur les rapports de productions et qui les modifient.
Superstructure production artistiques, juridiques, littérature, philosophie, religion. C’est le domaine de l’idéologie.
La modification de l’infrastructure agit va entraîner une modification dans la superstructure qui va permettre à la classe dominante de changer son discours idéologique (art, religion, …) pour légitimer sa domination sur la classe dominée.
Après avoir constaté que le régime économique constitue la base sur laquelle s’érige la superstructure politique, Marx réserve son attention surtout à l’étude de ce régime économique. C’est après avoir pris conscience que la superstructure repose sur des rapports économiques, parfois qualifiés d’infrastructure pour filer la métaphore, que Marx s’attache à étudier l’économie, ce qui a fait l’objet de son œuvre principale Le capital.
L’oeuvre principale de Marx, le Capital, est consacrée à l’étude du régime économique de la société moderne, c’est-à-dire capitaliste.
Il a étudié le développement du capitalisme depuis l’émergence de l’économie marchande, l’échange simple, jusqu’à la grande production. L’application de la méthode dialectique à l’analyse du capitalisme ne pouvait donc pas être réalisée tant que manquait une troisième partie constitutive : une analyse de la dynamique économique du capitalisme. Ce fut l’appropriation intellectuelle majeure de l’exil final de Marx, en Grande-Bretagne, où il étudia l’économie politique classique.
Les fondements économiques du marxisme sont le dépassement de l’économie politique britannique à l’aide de la dialectique matérialiste, dans une optique de transformation sociale.