Au terme de l’étude et l’analyse de l’évolution des différents indicateurs démographiques et les déterminants socio-économiques, il ressort que la société algérienne est en mutation continue, avec des changements spectaculaires et des bouleversements profonds au niveau des différentes structures sociales. Cette mutation a été approfondi depuis l’indépendance dans la mesure où elles a accéléré la déstructuration des groupes sociaux traditionnels amorcée sous la colonisation, sous l’effet des politiques publiques économiques ou sociales. Ainsi l’Etat a libéré en grande partie la famille et l’individu des carcans tribaux, des contraintes confrériques et de la suggestion clanique de la famille élargie.
De toutes les politiques publiques, la généralisation de la scolarisation, principalement des femmes, reste le principale facteur accélérateur des transformations sociales en Algérie. En tant que variable, elle n’est probablement pas étrangère aux changements enregistrés dans la démographie algérienne (mortalité infantile, fécondité, nuptialité). Mais fondamentalement, par une scolarisation de plus en plus large et la prolongation de sa durée, l’école en dissociant le savoir et le pouvoir au sein de la famille a été un facteur puissant de dissolution des relations familiales traditionnelles. L’élargissement de la scolarisation aux filles a favorisé la présence des femmes dans l’espace public et posé non seulement le problème de leur plus grande intégration dans le marché du travail mais aussi de l’égalité des sexes à tous les niveaux de l’organisation politique et sociale.
Nous avons affaire donc à des phénomènes démographiques importants qui ont modifié d’une manière durable les structures anthropologiques de la population héritage du passé si lointain, aussi ils ont participé à la destruction totale où partielle des liens sociaux séculaires existants. Ces phénomènes de dislocation se déroulent dans des temps beaucoup plus courts que ceux qu’ont connus dans d’autres pays. En effet, le processus de transformation des différentes société qui sont rentré dans la modernité politique s’est fait sur plusieurs siècles, comme c’était le cas en Europe par exemple. Non seulement il s’agit d’un phénomène universel et inéluctable mais, quelle que soit l’hétérogénéité des situations démographiques, il est lourd de conséquences économiques et sociales. C’est un chemin inéluctable vers la modernité politique et social et l’Algérie et l’Afrique eu Nord en général ne peuvent pas faire exception.
Ces changements structurels de long terme induisent une modification profonde dans les structures sociales traditionnelles qui se répercutent sur les comportements des individus en terme de choix de vie (mise en couple, emploi, ménage et habitat, immigration et émigration…) mais aussi dans leur processus de construction identitaire, les rapports à la femme, les relations parents – enfant, etc…se pose ainsi la relation de l’individu au groupe familial et communautaire, les relations intergénérationnelles, avec la remise en cause des valeurs traditionnelles principalement l’autorité et le communautarisme avec l’émergence de l’individu comme un acteur social et politique autonome. Ces mêmes changements influent sur la place et le rôle de la religion dans la société avec l’accélération du processus de sécularisation.
Ce processus de dissolution connaît aujourd’hui un nouvel approfondissement, c’est ce que montrent les données de l’analyse en 2022 des différents indicateurs, indices et les déterminants démographiques et socio-politiques nous avons analysé :
- Au niveau de la transition démographique :
L’Algérie commence à peine à rentrer dans la phase finale de la transition démographique avec l’amorce de la baisse du taux de fécondité.
- Au niveau de la structure de la population
La caractéristique principale de la population algérienne est l’importance de la proportion des jeunes. La population âgée de moins de 30 ans représente plus de la moitié de la population totale. La fraction de la population âgée de 15 à 24 ans, des individus qui entrent dans la vie adulte, et celle dont les besoins pèsele plus lourdement sur la société. Ses besoins en formation, en instruction, en emploi et en logement (nucléarisation de la famille) accentuent les tensions sociales. Les projections démographiques indiquent une hausse de la population à partir de 2030 pour pratiquement converger vers la situation des pays de la rive nord de la Méditerranée vers 2050. Il en découle une période où les besoins sont multiformes et les risques de tensions politiques élevés, si le contexte économique est défavorable.
Le caractère jeune de la population algérienne, principalement la frange âgées entre 15 ans et 25qui ont la particularité d’être socialement actives et politiquement potentiellement mobilisable sur le plan politique, avec l’importance de ses besoins multiformes, en éducation, santé, loisirs, travail risque de causer des tensions politiques élevés si le contexte économique est défavorable. En 2019, la frange de cette population s’est mobilisé sur plusieurs moi dans la rue pour demander le changement, avec le fameux mardi des étudiant.
- Au niveau de la famille :
En dépit des étapes relativement avancées de la transition démographique que traverse la population algérienne, la conjoncture économique défavorable et la crise sévère que connaît le marché du logement n’ont guère favorisé l’achèvement du processus de nucléarisation des ménages (c’est à dire une famille constitué de deux parents et enfant). La régression des tailles des ménages qui aurait pu résulter des importants reculs qu’a connu la fécondité a vu son effet contrecarrer par les retombées économiques et sociales de ces facteurs. Désormais, au lieu d’assister à l’éclatement des ménages de grandes tailles et à la formation plus fréquente de ménages de tailles réduites, c’est plutôt le phénomène de cohabitation des familles qui prend de l’ampleur favorisant ainsi la densification des ménages et l’élargissement de leur dimension. Donc, in fine structurellement la famille algérienne est un mélange entre les familles élargies et les familles nucléaires, les familles nucléaires vivent avec cohabitation avec la grande famille dans le même ménage.
C’est. ainsi que la thèse dualiste qui fait de la famille nucléaire et de la famille élargie deus entités séparées, correspondant chacune a deux types d’organisation économique bien définies, ne saurait se justifier dans la société algérienne. Mais la trajectoire qui commence à se dessiner est l’émergence de la famille nucléaire, comme le modèle dominant. L’augmentation de la proportion de ménages nucléaires ne peut pas être sans incidence sur les structures familiales et leur fonctionnement, mais pour se faire, elle est doit être la structure de base de la société algérienne.
Avec la baisse de la fécondité (en cours), la domination de la famille nucléaire va s’imposer comme le modèle dominant. Par contre l’acheminement dans les années à venir vers un régime démographique dominé par la famille nucléaire proche, du moins par sa dimension, du modèle occidental. Elle le serait très probablement par ses rapports familiaux dans la mesure où le contrôle de leur fécondité par les femmes elles-mêmes, indique l’affaiblissement du pouvoir du groupe de parenté au profit d’une logique d’autonomisation des familles et des individus. De surcroît, en diminuant considérablement la taille de la fratrie, la baisse importante de la fécondité va réduire sensiblement les possibilités de rapport hiérarchique entre frères et sœurs. Cela signifie l’ébranlement du système patriarcal qui prédomine jusqu’alors la famille algérienne. Par ailleurs, la réduction effective de la taille de la famille modifie indubitablement les relations affectives entre conjoints aussi bien qu’entre parents et enfants.
A la famille hiérarchique, caractérisée par l’autorité incontestée de l’époux ou du père, se substitue un autre type de famille plus égalitaire où la gestion des affaires familiales n’est plus exclusive de la gente masculine.
Le modèle des rapports conjugaux qui autrefois était fortement hiérarchisé, avec une domination maritale est en train de régresser au profit d’un modèle beaucoup plus souple où la solidarité entre les conjoints occupe une place importante au sein du couple
La nuptialité a joué un rôle déterminant dans la transition démographique algérienne, le relèvement de l’âge au mariage des femmes a été le facteur principal dans le démarrage et la poursuite de la seconde phase de la transition démographique. Le ruptures d’union vont dans le même sens si le taux de divorce est élevé et le mariage remariage des femmes difficiles, il s’ensuit que des femmes en âge de procréer sont socialement dans l’impossibilité de contribuer à la fécondité générale.
Ainsi, l’un des éléments, parmi les plus importants, pour juger de la condition féminine dans les transformations familiales est, en Algérie, le statut du mariage et les conditions de la formation du lien matrimonial. Ainsi, de tous les changements que traverse la société algérienne, c’est l’institution du mariage qui subit de loin les plus forts bouleversements. D’un mariage précoce, la société est passée en 40 ans à un mariage à la trentaine pour les femmes, encore plus lorsque ces dernières sont instruites. Les écarts d’âges entre conjoints se réduisent augurant d’un meilleur rapprochement des conjoints, puisque les hommes autrefois dominaient de plusieurs années leurs épouses. Cette hausse spectaculaire de l’âge au premier mariage ne s’est pas limitée aux grandes villes et métropoles du pays. Ces changements sont liés dans un premier temps à l’expansion de la scolarisation qui prolonge la durée des études et par voie mécanique retardent le moment d’entrer en union. Mais bien plus que cet effet de retard mécanique, l’instruction entraîne aussi un fort désir d’émancipation des femmes qui aspirent de plus en plus à choisir librement leur futur conjoint, et surtout à réaliser une carrière professionnelle avant de se marier. Les jeunes couples aspirent de plus en plus à vivre en famille nucléaire, mais avec la crise du logement, certains vont finir par se marier et habiter chez les parents du mari et les autres vont rester célibataires longtemps.
Ainsi, tout en restant au centre de toute l’organisation des rapports entre les individus et la société, l’institution du mariage, longtemps valorisée comme contrainte sociale, a subi ces dernières décennies de profonds changements au point de parler d’une véritable « mutation ». Quels changements peut-on alors observer dans le statut et la place des femmes ? Que devient notamment l’image de la femme célibataire adulte qui était autrefois si dévalorisée ? Le célibat est-il désormais accepté socialement aussi bien pour les hommes que les femmes ?
- Au niveau du Statut de la femme
Les évolutions familiales ont conditionné le statut des femmes, qui se retrouve généralement au centre de tous les changements sociodémographiques. Le statut et la place de la femme dans la famille et dans la société, considérée comme un déterminant fondamental dans les changements des comportements reproducteurs. En effet, les études prolongés et le choix de faire carrière professionnel ont plusieurs répercussions sur les structures familiales et leur fonctionnement, qui se répercutent sur l’ordre social en général.
L’indicateur principal qui a contribué au changement de la condition de la femme, est la généralisation de l’instruction, principalement après l’indépendance ou l’Etat algérien a ouvert et encouragé la scolarité des garçons et des filles. Le système éducatif a non seulement créé les conditions au développement de la mixité dans l’espace public, mais il a contribué, aussi, à ébranler les bases de l’organisation familiale traditionnelle et la place de la femme dans les stratégie matrimoniales et son impact sur le système nuptial, avec le passage d’un système matrimonial à mariage précoce des femmes à un autre à mariage tardif. Le relèvement de l’âge au mariage joue un rôle considérable dans le recul de la fécondité des femmes algériennes, et par la suite dans la décélération de la croissance démographique. Ce qui donne des implications considérables sur les structures et relations familiales en posant le problème de la gestion de la sexualité féminine dans le cadre d’un célibat prolongé son rôle au sein de l’espace privé de la famille comme épouse et maman avec le contrôle de la fécondité, aussi d’une manière plus large son apparition dans l’espace public comme acteur économique, social et aussi politique.
Si l’on admet que le contrôle de la fécondité provient d’une prise de conscience de leur rôle par les femmes, il est alors certain qu’elles vont parvenir à s’imposer au sein du couple comme un partenaire à part entière qui a son mot à dire sur le nombre d’enfants désirés. Ainsi, en se réappropriant leur fécondité, les femmes sont sorties de l’espace de la domination masculine pour gagner dignité et estime. Désormais, les relations établies au sein de la famille sont fondées sur le dialogue et le respect réciproque, avant de gagner en égalité en droit dans la société.
Leurs évolutions réelles sont loin de correspondre aux changements législatifs, ils ne font souvent qu’accompagner les grandes évolutions démographiques comme peut l’attester l’évolution de l’âge moyen au premier mariage. Ainsi, les femmes algérienne ont réussi à modifier leur situation dans la vie familiale et sociale en dépit de lois et de règles qui ne leur reconnaissent pas l’égalité des droits avec les hommes. Certes, elles sont encore loin de vivre un rapport égalitaire avec leur conjoint, mais les progrès notables qui ont permis aux jeunes générations de réduire assez vite leurs écarts avec les hommes, laissent penser que ces changements sont possibles et qu’ils ne tarderont pas à émerger. Nous pouvons, en conséquence, penser que la famille constitue le lieu où les femmes ont réussi à ébranler l’ordre patriarcal et, par là-même, à équilibrer les rapports de genre. Elles refusent, ainsi, de jouer exclusivement le rôle d’épouse soumise et de mère de nombreux enfants. La plupart d’entre elles sont pour l’égalité des droits entre hommes et femmes dans l’accès à l’éducation, à l’emploi et dans le choix du conjoint. Ce sont surtout les plus jeunes et les plus instruites d’entre elles qui aspirent à une égalité entre les sexes aussi bien dans le domaine familial que dans le domaine socio-politique, même si le contexte politique et juridique ne s’y prête pas pour le moment.
- Au niveau des structures traditionnelles socio-politiques
Les structures traditionnelles d’organisation de la société, ont disparu au profit d’un découpage administratif qui ne prends pas en considération les frontières tribales et les propriétés familiales. L’ordre social ancien qui avait permis la pérennité de ces structures sociales, a volé en éclats sous l’effet d’un puissant processus de sécularisation et de dissolution du système patriarcal, tribus, clans et des communautés villageoises, soubassement de l’organisation de la société traditionnelle, qui ne sont plus que des réalités virtuelles aujourd’hui. Les réseaux traditionnels de solidarité et d’alliance construit au tour des tribus et des confréries religieuses disparaissent au profit des structures sociales et politiques modernes, comme les institutions de l’Etat, les associations ou les partis politiques. Ce qui a permit une extraordinaire évolution politique, mais qui reste incomplète de part la survivance des résidus super structurelle des valeurs traditionnelles, comme l’autoritarisme et le communautarisme, qui entrave et freine non seulement le développement politique mais aussi le développement socio-économique et technique du pays.
En effet, une société segmentaire fonctionne par une décentralisation du pouvoir ce qui constitué un obstacle quasi insurmontable au développement politique, qui implique l’unification de la société et là centralisation de ces institutions politiques et administratives. En effet, la prédominance d’une dialectique de solidarité et d’opposition alternée entre d’innombrables segments et sous segments sociaux qui la constituent, la paralysé et l’empêche de s’unifier.
- Ruralité / Urbanité (immigration interne, habitat)
Les changements démographiques, les transformations économiques et sociales ont pu modifier profondément les conditions de vie et d’habitat des algériens. Elles ont, sans nul doute, eu un impact important sur les structures et les relations familiales.
Cette urbanisation graduelle de la ville de Tizi-Ouzou survient ainsi de manière conjointe avec une détribalisation qui elle-même s’effectue graduellement mais inévitablement. Les formes tribales de l’existence quotidienne sont rationnellement inconciliables avec la contemporanéité urbaine, économique, culturelle, marchande, politique, bureaucratique et légale (juridique). Cependant, l’existence sociale urbaine contient pratiquement le signe distinctif de la structure sociale villageoise (tribale) ancienne. Cette influence traditionnelle est significative à cet effet, compte tenu que la société urbaine Tizi-Ouzéenne issue généralement des villages montagnards.
Envahi par une pulsion ou un processus qui n’évite aucune société de la planète terrestre, l’Algérie s’urbanise promptement (au plus vite).
La prévalence du mécanisme ou des valeurs individuelles et conjugales sur les normes et valeurs parentèles amène à la restructuration ou la recomposition sociale et familiale, par l‟établissement de foyers familiaux étroits et axés sur les ménages nucléaires ou conjugaux.
dans un environnement urbain défini par de nouvelles usages et règles de conduite, de nouvelles façons d‟agir, de nouvelles inspirations,
, il est important de souligner la survivance, en dépit de la révolution des modes de vie urbains, d‟une certaine organisation de parenté étendue, par regroupement dans une seule habitation ou quartier résidentiel de plusieurs générations et collatéraux.
Dans l’analyse de la structure de la population, il en résulte une augmentation considérable de la population active. Les projection statistique sur les prévisions démographiques pour la période 2030-2040, Montre l’importance des effectifs à l’entrée du marché du travail point chaque année il y aura 700000 de nouveau demandeur d’emploi En Algérie.
il est évident que l’emploi est généré par le niveau d’investissement et par le niveau de croissance de l’économie.
Cette situation est encore plus hé plus préoccupante que hé les nouvelles générations je prends un niveau d’éducation plus élevé que celui des générations antérieures et que les possibilités d’emploi sont généralement moindres du fait de la conjoncture économique mais aussi de la démographie
Au niveau de l’Etat nation :
Le déficit plus ou moins grand de légitimité du politique de l’Etat national n’a pas permis aux formes de régulation sociale véhiculées par les dispositifs législatifs de se substituer aux formes de régulation traditionnel qui régulait la vie sociale. Le nouvel Etat national ne jouissait pas d’une légitimité suffisante pour que le processus d’intériorisation des nouvelles normes sociales soit mené à son terme. Il est évident que l’action des instruments étatiques de politique publique aurait pu amortir partiellement où totalement le choc et les traumatismes engendrés par les changements enregistrés dans la société salon que les processus de dissolution des structures traditionnelles ont eu un caractère plus ou moins rapide.
L’émergence des mouvements islamistes a mis en évidence l’incapacité des dirigeants politiques à mettre en place les politiques et les instruments de contrôle qui auraient pu faciliter à accélérer les pronostics de restructuration en cours dans la famille et la société. 6 qui explique fondamentalement les succès relatifs de l’islamisme politique auprès des couches moyennes inquiètes des risques de paupérisation et des couches les plus déshéritées de la population qui voit dans l’impossible revitalisation des structures sociales et familiales passées comme unique recours face à leur désarroi économique, social et psychologique.
Malgré la crise religieuse, la religion continue d’exister chez les citoyens des pays les plus sécularisés, en creux, c’est-à-dire comme un vide qui continue d’influencer certains comportements. En d’autres termes, les individus, qui n’ont plus la foi, en gardent cependant les valeurs et les structures de comportement de manière inconsciente.
Le phénomène universel de chute de la fécondité, traduit la chute de la pratique religieuse ou en tous cas la chute de l’influence de la religion dans la vie quotidienne (toutes les religions encourageant la procréation et la soumission à la volonté divine en la matière). Cette chute de la croyance religieuse laisse le champ libre à des croyances de substitution comme par exemple les idéologies politiques.
Le débat sur le variable religieuse (interprétation littérale des textes coraniques où discussion et adaptation) avec la possibilité ou non de concilier islam laïcité et démocratie
Conclusion
Nous pouvons conclure que malgré l’état très avancé de la transformation de la société algérienne, il y a persistance les valeurs de l’ancien modèle, pour la seule et unique raison que les transformations sociales abordées dans ce travail bien qu’en cours ne sont pas suffisamment fortes pour ébranler la vision du monde et des relations sociales (l’univers mental pour faire court) à la base du modèle traditionnel, principalement au niveau des valeurs :
- Persistance de l’autoritarisme dans la société et en politique avec son caractère diffus
- Persistance du caractère communautaire, avec son pendant le tribalisme
- Persistance de la religion dans sa dimension de religiosité avec son caractère ostentatoire très visible
Ainsi, paradoxalement, tout ce qui participe au symbolique (place des sexes, patriarcat, normes culturelles…) ou relève du juridique (Code de la famille, diverses instances du droit…) reste marqué par une anthropologie relevant du modèle ancien, patriarcal et patrilinéaire.
A mon avis il ne faut pas trop verser dans le pessimisme. je considère en effet que la prise en compte de la variable de l’ordre social et les changements qui s’y produisent, dans les réflexions sur les dynamiques politiques présente un intérêt non négligeable, et semble permettre d’expliciter nombre de phénomènes qui se présentent sous nos yeux et permet de prolonger considérablement l’horizon des questionnements sur les dynamiques politiques sur du temps long.Les processus de restructurations indispensables au bon fonctionnement du vivre-ensemble sont beaucoup plus lents à se mettre en place.
Dans le cas de l’Algérie, le poids des transformation et leur accélération dans des temps très court, comparativement aux expériences vécues dans d’autres sociétés, crées des situations de peurs, et de résistance et de crispation sur les valeurs traditionnelles. Vaut mieux s’accrocher à ce que je connais que de prendre le risque de rentrer dans l’inconnu. C’est une forme de résistance à la modernité qui s’installe, d’où les crises identitaires avec les conséquences quasi inévitables pour une fraction non négligeable de la population avec retour aux religieux et le recours aux religieux parfois dans une expression radicale extrémiste .
Beaucoup d’éléments nous poussent à l’optimisme :
- Autonomisation des jeunes d’adultes des deux sexes vis-à-vis du groupe familial et l’émergence de l’individu algérien comme acteur social et politique autonome
- La nucléarisation progressive de la famille et son éloignement des contraintes du groupe familial, clanique où tribale, la famille nucléaire véhicule des valeurs d’égalité et de liberté. La descendance restreinte impliquant des parents agissons pour la promotion individuelle par l’école
- Les modifications de rapport de force intergénérationnel et intragénérationnelle